La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Chroniques
La branloire pérenne

Sens dessus dessous

Le tableau d’un déclin du pouvoir politique en matière économique et financière s’accompagne d’un second tableau tout aussi inquiétant : le regain du rôle de l’État cette fois-ci en matière de vie privée et de libertés individuelles. Nous voyons que nos démocraties nous donnent le spectacle d’États faibles face aux grands groupes financiers ou face aux entreprises géantes comme Google mais puissants face à des individus de plus en plus démunis : on ne saurait rien imaginer de pire, écrit à quelques mots près Tocqueville à propos du nouveau despotisme qu’il voit surgir à l’horizon des démocraties modernes. (Lire l'article)

 

Le coin des traîtres, Traduction

Numérologie

Même si les mathématiques semblent au profane qui n'y entend goutte un langage universel, l'expression quotidienne regorge de chiffres dont la traduction est loin d'être évidente. Traduire les mots, d'accord. Mais traduire les nombres, c'est parfois une autre paire de manches. Car la traduction des chiffres en général et des dates en particulier, contre toute attente, ne s'impose pas. Surtout que la traduction est parfois une question d'interprétation... (Lire l'article)

Sara Stridsberg, La faculté des rêves, Stock, coll. La Cosmopolite, 2010
Livres, Ordonnances littéraires

Une femme de rêve

Ordonnance pour un passager anonyme croisé au hasard d’un trajet en métro. Paris, matin d'automne, station Mairie des Lilas. Les regards sont happés par un point blanc qui roule d'avant en arrière, un petit cylindre brillant sous la lumière artificielle et borgne. Roulis métropolitain. Un homme âgé replie le journal pour suivre les mouvements de cet électron libre matutinal. Presque amusé. Et puis, tout à coup, son regard se détourne de l'Objet Roulant Non Identifié et reprend la lecture du quotidien. Qu’a-t-il vu ? Un tampon ! Dans mon esprit, cela n’a fait ni une ni deux. Tampon, femme, vie en rose… la couverture rose de La Faculté des rêves s’impose. Rose comme de la chick lit girly. Mais dans La Faculté des rêves de Sara Stridsberg, pas de romance. Mais du roman, du vrai ! (Lire la suite)

Sur la plage
La branloire pérenne

Sur la plage

Avec l’été est venu le temps des grandes vacances que les gens attendent souvent depuis l’hiver. Mais est-il raisonnable d’attendre si longtemps ? Qu’attendons-nous au juste ? Le savons-nous seulement ? Aujourd’hui l’attente désigne le plus souvent un temps vide ou inoccupé pris entre deux moments dont l’un est passé et connu, l’autre à venir et souvent indéterminé. Ce qu’on attend alors est à la fois vague et impératif...
Le nombre imaginaire, Sciences

Le trou dans le zéro

Tout comme la nature, les mathématiciens ont horreur du vide, du trou, de la pièce manquante. L’esthétique, la morale presque, commandent une théorie complète, sans surprise, sans hiatus. Si un formalisme mathématique permet de poser une question, elle devrait avoir une réponse ; toute opération devrait fournir un résultat. Sinon il manque quelque chose, et ce manque vous gratte jusqu’au sang ; il faut absolument compléter la théorie pour le combler. Il ne s’agit pas ici d’un principe ni d’une vérité : simplement d’un réflexe, d’un tropisme, d’une compulsion. (Lire l'article)

Brèves pour musiciens-parlants

Apollinaire?

Brève n°1 pour trompette marine: première des 66 (et quelques) Brèves pour 66 (et quelques) musiciens-parlants de Jacques Rebotier, interprétée par Virginie Michaud, à partir d'un poème à vers unique de Guillaume Apollinaire.

Scarlatti Gusmão aéronef
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Lumières portugaises

Dans son roman Le Dieu manchot, José Saramago, prix Nobel de littérature, recrée l'atmosphère du Portugal au début du XVIIIe siècle. Sur un fond mystique bien tassé — l'édification de la basilique de Mafra par le très pieux roi Jean V dont le palais est éclairé par des cierges, et qui partage très officiellement la couche de la Mère supérieure d'un couvent voisin —, Saramago imagine la construction du premier aéronef de l'histoire par le génial inventeur Bartolomeu de Gusmão... au son du clavecin de Domenico Scarlatti. Dans le roman, un couple fort sympathique, Balthazar et Blimunda, construit un épatant prototype d'avion de bois et de fer (la “passarole”) sur les plans de Gusmão, tandis que Scarlatti fait apporter son clavecin dans l'atelier. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Les cocus de Bagdad

L'histoire des cocus de Bagdad ne figure pas dans Les Mille et une nuits. Mais elle est un classique des problèmes de logique dont la solution repose sur un mode de raisonnement central dans les mathématiques, que l’on appelle raisonnement par récurrence ou, plus classieux, par induction. Sommés par le Vizir d'acquitter un impôt sur leur infortune conjugale, les cocus de Bagdad mettent quarante jours avant de se présenter au Palais. Combien y en a-t-il, et pourquoi ont-ils attendu si longtemps pour se manifester ? Sachant qu’à Bagdad comme ailleurs, si vous êtes cocu, tout le monde le sait sauf vous... (Lire l'article)

Courbet - Femme au perroquet
Sciences du fait-divers

30 millions d’ennemis

“‘Ne tire pas !’ : les mots d’un perroquet pourraient être utilisés dans un procès pour meurtre.” Le perroquet gris du Gabon est réputé bavard, intelligent et sociable. Il réclame cependant beaucoup d’attention et une alimentation étudiée. Par ailleurs, évitez de tuer quelqu’un en sa présence car il pourrait cafter. C’est le cas de Bud, perroquet depuis bientôt vingt ans, qui ne cesse de répéter “Don’t fucking shoot !” depuis que son propriétaire a été abattu de plusieurs coups de revolver. L’animal répète aussi – en y mettant les intonations – un dialogue qui ressemble fort à une dispute conjugale. La femme de la victime est ainsi la principale suspecte, et son sort repose entre les mains d’un procureur  qui n’exclut pas de faire témoigner le perroquet.  (Lire l'article)

Pierre Bayard, Le Titanic fera naufrage, éditions de Minuit, 2016
Livres, Ordonnances littéraires

Pierre Bayard pour les instituts de sondage

Sondeurs, sondeuses, pythies aux augures sans cesse défaits, devins aux présages incertains, prophètes moqués et stigmatisés, oracles aberrants : vous vous sentez déprimés, rejetés, diminués ? Lisez donc Pierre Bayard. Les romanciers, explique-t-il dans Le Titanic fera naufrage, ont en effet un accès privilégié à des évènements qui ne se sont pas encore produits”. Contrairement aux dirigeants politiques et aux responsables d’instituts de sondages à travers le monde, qui, eux, se gardent bien de tirer parti de la capacité annonciatrice de la littérature”. (Lire l'article)