La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

À quatre mains
| 17 Mai 2020

            en me levant à cinq heures chaque matin tu fais de moi le plus tenace des poètes debout la tête épanouie comme un houppier les doigts sur le clavier d’où monte la nuit j’attends

            la grande voilure de mon squelette faseye encore au vent des rêves il est trop tôt pour prendre l’envol et les anges même dans leur élan se brisent à la branche horizontale de la croix

            il me revient ce souvenir une pelote aux brins perdus tu me toussais dessus de la pluie de tes gouttelettes je tirais un onguent qui maintenait ouvertes mes plus anciennes crevures

            je n’en ai plus besoin désormais j’attends que par ma bouche quand l’aube approche tonne la toux du monde je suis poète et des poètes le plus patient nous l’avons toi et moi voulu ainsi

            j’attends que comme des poissons tirés de l’eau noire jaillissent du grand inarticulement quelques mots éclats de la mémoire rouge du soleil avant qu’il ne verdisse tout ce bleu

À quatre mains © Frédéric Teillard

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même catégorie

De la connaissance matriochka

savoir qu’au pied de la colline
l’océan qu’on voit bat contient déjà
ne plus savoir
qu’au pied de la colline
l’océan bat
et savoir qu’au pied
de la colline

À lire également