La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Lutte des casses
| 30 Mar 2023

D’aucuns s’étonneront qu’un tel conflit ait éclaté dans nos pages au ton très libre –plébiscité par nos lectrices–, plutôt que dans celles de nos concurrents plus “corsetés“.

Les premiers signes de la révolte à venir ont fait leur apparition il y a quelques semaines, personne n’aurait pensé alors qu’ils seraient annonciateurs d’une véritable révolution.

Rappelons brièvement les faits.

La colère a commencé à poindre au sein d’un groupe de minuscules se sentant de plus en plus méprisées par quelques majuscules qui les prenaient de haut. Ne supportant plus d’être continuellement reléguées en bas de casse, elles ont commencé à les apostropher puis décidé d’un venir aux points. Des “c” en vinrent même à brandir leurs cédilles! Les majuscules agressées ont dû se réfugier entre parenthèses, certaines ont même été contraintes de sauter à la ligne!

C’en était trop, il fallut faire appel à la police de caractères pour séparer les belligérants. Profitant de leur relative neutralité, des esperluettes ont proposé d’organiser des états généraux et d’en profiter pour tout remettre à plat.

Il a tout d’abord été question de supprimer définitivement les majuscules afin d’assurer une égalité complète. Au nom d’une certaine défense des traditions, on a pensé retenir l’idée d’une rotation juste entre toutes les lettres. Une solution difficilement applicable, la fréquence des “z” étant de 0,15% contre 12,1% pour les “e”.

Pour parvenir à une relative équité, il a été décidé de conserver les majuscules pour les titres, les débuts de phrases et les noms propres – comme s’il y avait des noms sales sur nos pages (NDLR)! – les lettres n’y figurant pas seront mises en majuscules n’importe où dans le texte afin d’approcher, tant que faire se peut, une égalité complète. Évidemment, plus les textes seront longs plus cet objectif sera facile à atteindre.

D’autres sujets sensibles – même si moins brûlants – ont été abordés lors de cette “convention”. En premier lieu, la parité entre voyelles et consonnes. Les premières ne correspondent – en français – qu’à 38,54% des lettres, contre 61,46% pour les consonnes. Les premières ont donc suggéré que les deuxièmes ne soient plus doubles ce qui permettrait d’approcher l’équilibre. Les consonnes leur ont alors rétorqué qu’étant plus nombreuses, elles étaient toutes moins représentées. Le débat reste ouvert.

Le problème des caractères gras a également été évoqué. Ils se plaignent d’être souvent victimes de grossophobie!

Les caractères en italique refusent, eux, de continuer à pencher toujours du même côté (surtout à droite! ont-ils ajouté).

Certaines voyelles ne supportant pas que l’on se moque de leurs accents, ont fait part de leur souhait qu’on les supprime.

D’autres n’acceptent plus de porter le chapeau !

Nous vous ferons part dans nos prochaines éditions des décisions qui auront été prises au cours de cette convention.

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