“Il décapite sa femme et ses deux chiens avant de se crever un œil et de se couper une main.”
C’est ce qui s’appelle faire les choses en grand. Le policier de Phoenix (Arizona) qui est arrivé le premier sur la scène de ce grand guignol a eu du mal à s’en remettre. Le charcuteur, lui, a atterri assez naturellement dans un service de psychiatrie. Sa première comparution devant le juge, filmée et diffusée sur Internet car nous sommes au XXIe siècle, aurait sa place dans une parodie de film d’horreur : l’homme hébété, borgne et manchot, émet quelques grognements avant que la magistrate ne fixe le montant de la caution à 2 millions de dollars et n’ajoute d’une voix monocorde : “Si la caution était versée, vous ne seriez autorisé ni à entrer en contact avec aucune des personnes liées à l’affaire ni à détenir une arme quelle qu’en soit la nature.” On imagine que cette dernière catégorie inclut jusqu’aux épluche-légumes.
À ce stade, les lecteurs sensibles se sont probablement déjà évadés de cette chronique. Les autres vont découvrir comment, lorsque violence et psychopathologie se conjuguent, la créativité peut atteindre des sommets qui donneraient le vertige même aux scénaristes des aventures d’Hannibal Lecter. Certes, ces derniers ne manquent pas de subtilité, par exemple lorsqu’ils imaginent un repas entre Hannibal et une de ses victimes lors duquel le premier fait griller sur une plancha un peu de la cervelle de son invité, auquel le haut de la calotte crânienne a été ôtée avant de passer à table (c’est plus simple pour plonger la cuiller). Si Hannibal Lecter avait été jugé en Arizona et libéré sous caution, il est probable qu’on lui aurait interdit jusqu’à l’usage des barbecues et des couverts en inox.
Il y a quelques années, une équipe de légistes polonais avaient rapporté dans l’American Journal of Forensic Medicine and Pathology le cas d’un garçon qui, après avoir tranché la tête de son père, lui avait arraché la peau du visage, du crâne et du cou avant d’enfiler le tout sur sa propre tête, à la manière d’une cagoule. On ne sait lesquels des psychanalystes et des scénaristes de la série Halloween feront le meilleur usage de cette affaire. Tout comme on ignore le montant de la caution qu’aurait demandé un magistrat américain face à cette novation dans l’art du déguisement.
En Russie, il a été découvert chez une femme de 68 ans un journal intime narrant par le menu une dizaine de scènes de démembrement et de décapitation. Riche matériau pour l’industrie du gore movie. On a aussi retrouvé chez cette dame une scie à métaux et des traces de sang dans la baignoire. Enfin la police a pu mettre la main sur deux paquets contenant les membres et la tête d’une amie de cette femme, soigneusement découpée par ses soins. Du coup, les enquêteurs se sont replongés dans le journal intime avec une curiosité aiguisée. Réalité, fiction, faits divers, littérature : la folie meurtrière peut tout alimenter quand elle dispose des outils adéquats.
Notre conseil de la semaine : pour découper un homard, ou démembrer votre beau-frère, ne jamais utiliser un couteau en céramique.
Édouard Launet
Sciences du fait divers
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