Le puissant mutant Wolverine, devenu l’ombre de lui-même, refugié à la frontière mexicaine et chargé d’un Docteur Xavier gâteux, reprend du service pour une ultime mission : protéger une enfant prodige qui semble avoir hérité de ses pouvoirs. Singulier opus, à nul autre pareil dans la saga X-men : exit le tourbillon baroque des prodiges et des monstres, distordant le temps et l’espace en une esthétique classieuse et colorée à la fois… et bienvenue dans un film âpre, sobre, rugueux, qui mêle les ruines du western, du thriller et du road-movie dans la même poussière crépusculaire, dans la même rouille seventies.
Des effets spéciaux, ne restent que les chairs transpercés ou tranchées par les griffes du serval, tant ici tout n’est qu’agonie. Agonies violentes quand, cris de rage pour chants du cygne, la sauvagerie de la bête blessée sert d’instinct de survie ou de pulsion paternelle – mais aussi agonies lentes, matières putréfiées, comme si dès la première image, un poison ne cessait de s’épandre… Agonie du monde, déprimante dystopie à peine anticipée du nôtre, monde opaque et angoissant déjà entraperçu dans la belle oeuvre SF qui fait ici reflet, Midnight Special ; et agonie d’un homme, ce héros censément immortel qui n’en finit plus de mourir, si usé désormais, si lourd, si las.
Singulière entreprise en effet, à nulle autre pareille dans l’Histoire du cinéma : tout un film pour dire adieu à un personnage, presque un mythe de la pop culture mondiale, et à son si convaincant interprète (Hugh Jackman). Film-monument au mort, film-hommage au disparu, et manifeste d’une époque, la nôtre, qui semble nous donner le spectacle de l’Apocalypse au ralenti.
Thomas Gayrard
Cinéma
Logan, de James Mangold, avec Hugh Jackman, Patrick Stexart, Dafne Keen…
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