La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Agrippine vs canicule
| 28 Juil 2019

#guide

 

Britannicus, de Racine, mise en scène de Christine Joly, avec Philippe Lebas, à l'Artistic théâtre (Paris), jusqu'au 31 juillet 2019« Et ne connais-tu pas l’implacable Agrippine ? », « J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer », c’est dans Britannicus de Racine, la pièce dont le héros n’a jamais été Britannicus, mais Néron qui en est le centre, le metteur en scène et le moteur. Et s’il en était l’unique personnage ? C’est de cette question que semble s’emparer Philippe Lebas à l’Artistic Théâtre où il incarne seul tous les personnages de la pièce. Selon la note d’intention, nous devons voir Racine disant tous les rôles de son texte, mais on peut aussi deviner un Philippe Lebas-Néron imaginant sa vie comme une pièce de théâtre où il se prend tour à tour pour chaque personnage — Néron-Britannicus aime Néron-Junie qu’enlève Néron-Néron sous l’œil bienveillant de Néron-Narcisse, sans oublier Néron-Agrippine quand l’empereur fait sa mère, comme si Anthony Perkins avait tourné Psychose à l’époque de l’empire romain. Mais on ne se débarrasse pas si facilement du corps d’une mère implacable et la voilà face à Néron incarnée pour une scène par Christine Joly, qui signe aussi la mise en scène.

Quand l’exploit d’un comédien – une heure quarante-cinq à faire l’amour aux alexandrins et à jouer de toutes ses voix, avec pour seul accessoire un grand pan de tissu écarlate – permet de réécrire l’histoire, on est content d’être allé au théâtre et persuadé qu’il fallait bien une salle climatisée : la canicule, ce n’est rien à côté d’Agrippine et Néron.

Sophie Rabau
Guide

Britannicus, de Racine, mise en scène de Christine Joly, avec Philippe Lebas, à l’Artistic Théâtre, 45 rue Richard-Lenoir, 75011 Paris (01 43 56 38 32), jusqu’au 31 juillet 2019.  

0 commentaires

Dans la même catégorie

La conteuse aux pieds nus

« Une nuit à travers la neige » est adaptée de « L’Homme qui rit » de Victor Hugo par Ariane Pawin. Du conte, du théâtre-récit, du mime, de la peinture aussi grâce aux lumière de Marien Tillet. Et une petite forme qui n’a rien de mineure.

Musique, amour et vacheries

Dans Sans Tambour, Samuel Achache poursuit avec brio son pas de deux entre théâtre et musique, cette fois à partir de lieder de Schumann. Au programme, gags et quiproquos, images et temps forts, même si le propos n’est pas toujours à la hauteur de son habillage…

Mon prénom est une ancre

Le spectacle “Fuck Me” de la chorégraphe argentine Marina Otero ne cesse de nous entraîner sur des fausses pistes… qui sont loin de mener nulle part.