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Vient de paraître en mars dernier un nouvel opus de l’Australienne Kate Morton, qui s’est fait connaître notamment avec The House at Riverton en 2006 (Les Brumes de Riverton, traduit par Hélène Collon, Presses de la Cité, 2009). La Prisonnière du temps, un roman de plus de six cents pages, qui rassemble tous les ingrédients d’une histoire familiale courant sur plusieurs générations avec mystères et révélations, amours contrariées et morts précoces, trahisons et sacrifices…
La jeune archiviste Elodie Winslow découvre un jour dans une vieille sacoche le portrait d’une très belle jeune femme de l’époque victorienne ainsi qu’un carnet de croquis contenant le dessin d’un manoir qu’il lui semble connaître sans qu’elle y soit pourtant jamais allée.
En 1862, le peintre Edward Radcliffe passe l’été avec des amis artistes à Birchwood Manor, une demeure ancienne située dans un méandre de la Tamise. C’est là qu’il peint le portrait de sa muse, Lily, rencontrée dans un théâtre londonien. Séjour brutalement interrompu par l’assassinat de sa fiancée, la disparition d’un diamant d’une valeur inestimable et la fuite de Lily, dont tout semble indiquer la culpabilité.
Durant les bombardements de Londres, une jeune femme se réfugie avec ses trois enfants à la campagne, dans un manoir au bord de la Tamise. Son plus jeune fils, Tip, ne tarde pas à lui parler de sa nouvelle amie invisible, qui semble habiter les lieux…
Un page-turner de plus ? Non, justement. Parce qu’il y a dans ce livre…
… une inscription dans l’histoire du xxe siècle, et plus particulièrement des deux guerres mondiales, qui lui donne une profondeur de champ tout à fait inédite,
… une réflexion sur les traumatismes de guerre chez ceux qui ont été contraints de combattre,
… une attention passionnée à l’histoire, à tout ce qui en fait la matière, individus, villes, habitat, paysages, archives, œuvres artistiques,
… un sentiment très vif de la nature, qui s’exprime dans des descriptions qui n’ont rien de convenu,
… une étonnante capacité à mobiliser toutes les ressources du sentiment et de la réflexion au service d’une trame romanesque complexe et subtile,
Bref, on l’aura compris, cette Prisonnière vaut le détour et donne envie de s’intéresser de plus près à l’autrice et à ses précédentes publications. Enfin, on notera pour terminer le soin manifeste apporté à la traduction française, qui contribue très largement au plaisir de la lecture.
Corinna Gepner
Guide
Kate Morton, La Prisonnière du temps, traduit de l’anglais (Australie) par Anne-Sylvie Homassel, Presses de la Cité, 2019
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