La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Des manchots pour fêter le cinéma
| 18 Avr 2023
Publicité de 1913 imprimée pour la projection au théâtre Réjane du film documentaire de Herbert Ponting (1870-1935) Vers le Pôle Sud – Expédition Scott

Publicité de 1913 imprimée pour la projection au théâtre Réjane du film documentaire de Herbert Ponting (1870-1935) Vers le Pôle Sud – Expédition Scott

Le Printemps du cinéma est déjà passé ? Qu’à cela ne tienne, avec les manchots c’est toujours festif !

Longue comme le bras est la liste des films ou des dessins animés ayant des manchots pour héros. Ces œuvres majeures de la culture humaine et universelle et historique reposent bien évidemment sur le charisme, le magnétisme (polaire), et les très nombreuses qualités cinématographiques inhérentes aux sphéniscidés. Ainsi La Marche de l’Empereur (2005), ou les Pingouins de Madagascar (2015), qui sont en réalité des manchots, pour ne citer ici que deux succès majeurs récents.

La radiance de ces piafs est connue et exploitée par les cinéastes depuis belle lurette, en fait depuis que la main de l’homme a posé le pied en Antarctique (Merci les Dupondt). J’en veux pour preuve cette publicité française de 1913, accompagnant ce texte, qui a été imprimée pour la projection du film documentaire de Herbert Ponting (1870-1935) Vers le Pôle Sud – Expédition Scott au Théâtre Réjane, aujourd’hui Théâtre de Paris.

Herbert G. Ponting, pionnier de la photographie en Antarctique et premier à introduire une caméra sur le continent, était le « Camera Artist » de la funeste expédition Terra Nova interrompue en 1912 par la mort de son chef le capitaine Robert Falcon Scott, et quatre de ses camarades, au retour de leur raid vers le Pôle Sud.

Au cours des mois passés sur le continent blanc, Ponting a photographié et filmé jour après jour l’environnement dans lequel évoluaient les 65 membres de l’expédition. Illustrant les très rudes conditions de vie et de travail des hommes, son rôle consistait aussi à alimenter en images les études scientifiques réalisées sur place, dans des disciplines aussi diverses et essentielles que la géologie, la botanique, la zoologie, la géographie, l’anthropologie, etc. En outre, ses images devaient constituer les archives pour les ouvrages, comme les films, à publier et à monter au retour ; autant d’éléments promotionnels qui, vendus ou diffusés à travers le monde, devaient correspondre à un retour sur investissement pour les promoteurs de l’expédition, voire assurer le financement de la prochaine. Mais la mort tragique de Scott mit prématurément fin à ces projets. Gaumont British qui avait acquis les droits sur les images et les rushs de Ponting réalisa un premier montage en 1912 que l’auteur se chargea de présenter à travers le monde lors de conférences qui rencontraient un grand succès. La célébrité rejaillissant alors sur Ponting, qui devint en quelque sorte l’ambassadeur de la funeste expédition en substitution à Robert Scott, lui attira l’inimitié de ses anciens compagnons.

Néanmoins, le film sortit en Grande-Bretagne en 1912 sous le titre original d’Eternal Silence faisant à la fois référence au continent Antarctique et à la disparition de Scott. En 1924, suite à un nouveau montage, un deuxième film sort dans les salles, intitulé Le Grand Silence Blanc (The Great White Silence). Restauré et réédité en 2011 pour le centenaire de l’expédition de Scott par le British Film Institute, c’est lui que l’on peut aujourd’hui voir dans les festivals consacrés au monde polaire, ou, plus rarement, sur les chaînes de télé.

Herbert George Ponting et sa caméra Prestwich 5 en Antarctique, 1910

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