Des lignes noires sur noir dressent une toile dans la nuit.
C’est la vampa, c’est la flamme, dans un air de Verdi que chantent les mezzos, on dit vampa pour dire flamme, on dit la flamme brûle, comme la voix, stride la vampa, brûle noir.
C’est la vampa, c’est la voix, mot noir pour dire l’orange, c’est la voix de Nathalie Espallier, mezzo.
Outrenoir, satin slave aux reflets moirés de grenade, histoire de belle cavale, équipée dans la nuit, ou panthère allongée sur une table couverte d’un tapis de Damas, lune d’avant les orages.
Voix broderie, marqueterie de flots, de fruits, de brocarts, d’arôme, de galons,de dentelle, de terre et d’ovales, voix monde, fils rouge, rose, fils d’argent, triangles, avenues, losanges, chemins, routes des mers enchevêtrées, tissées dans un tapis d’orient, voix pour mettre la main, à l’ombre de livres en cuir rouge, pour y rêver, l’après-midi.
La lune est un tissu magique, velours de nuit, âme de flamme, la chair du soir, la mordre, vague de flamme, à la cime caracolent des mangues noires de lave rousse, voix résinée, jaillit déferle sur le noir en tempête le feu, sur une cape sombre les courbes de la foudre.
Ou un vin de Hongrie avec la voix le boire, ou un vin de Hongrie qui se nommerait Tokay, épicé, presque salé, onctueusement velouté, un chocolat d’épice rouge dont on ne connaît pas le nom.
Langues noires brillantes de la mer au milieu des terres, couleur de vin où l’on se baigne. Voix des ménades bleu nuit – mais, au milieu, taillée de cristal, à Paris, une petite robe noire. Voix des femmes tout en noir dans les maisons et les cours, Warda, Nina, Aliocha, Judith, Malika, Nastassia Philippovna, Thérèse, voix d’Avila, danse la vierge noire en route vers l’orient doré.
Voix amante d’Anastasia et de la Reine de Saba, argile noir d’amour dans les replis d’une pensée.
Texture, c’est la voix, de l’amour, trame de nuit, de Nathalie Espallier, mezzo. Voix couleur d’âme, flamme d’âme. Vampa.
S.R.
Bellini, Air d’Adalgisa : « Sgombra è la sacra selva »
Orchestre de l’Opéra des Landes
sous la direction de Franck Fontcouberte
Dvorak, Svatá Ludmila
Récitatif et air de Svatava :
« Ó, v jaké šeré lesní stíny«
Ensemble Josquin des Prés
sous la direction de Thierry Vallet
Poulenc, Dialogue des Carmélites
Air de Madame de Croissy (Première prieure) :
« Relevez-vous, ma fille »
Piano : Anne Billant
Saint-Saëns, Samson et Dalila
Air de Dalila : « Mon cœur s’ouvre à ta voix »
Piano : Anne Billant
Gounod, Sapho.
Air de Sapho : « Ô ma lyre immortelle »
Piano : Anne Billant
Nathalie Espallier se destinait à une carrière de comédienne à l’ENSATT de la rue Blanche, quand elle découvre le chant et sa voix de mezzo. Après un Prix de Chant à l’unanimité et avec félicitations du Jury au CNR d’Aubervilliers, elle obtient un Premier prix de mélodie francaise et un Premier prix spécial répertoire français au concours international de chant de Marmande. Elle débute sa carrière à l’Opéra d’Angers puis à l’Opéra de Dijon avec Carmen qu’elle interprète depuis régulièrement. Suivent d’autres rôles du répertoire de mezzo sur des scènes nationales et internationales (Paris, Prague, Alger, Jérusalem, et différents Festivals…) : Maddalena, Nicklauss, Smeton, La Première Prieure des Dialogues des Carmélites, La Reine dans Hamlet, Taven, Adalgise, Preziosilla, Fenena… Elle se produit également dans le Trouvère de Verdi (Azucena), Werther de Massenet (Charlotte), Véronique de Messager (Ermerance), Orphée aux Enfers (L’Opinion publique) et La Belle Hélène (Oreste) d’Offenbach, Madame Butterfly de Puccini (Suzuki), Aida de Verdi (Amnéris).
Elle n’oublie pas qu’elle vient du théâtre et chante aussi de nombreux rôles d’opérette : La Grande Duchesse de Gérolstein, Orlovsky, Marion des Saltimbanques, Metella… En oratorio elle se produit dans les Requiem de Verdi, Mozart et Duruflé, les Stabat Mater de Pergolese et Rossini, Le Roi David de Honnegger, Svatá Ludmila de Dvorak…
Nathalie Espallier se produit régulièrement en récital ; elle y interprète notamment des Mélodies françaises (Duparc, Debussy, Fauré…) et espagnoles (De Falla, Montsalvatge, Granados…)
Actualités
En 2017-18, Nathalie Espallier a de nouveau chanté La Première Prieure dans les Dialogues des Carmélites au Théâtre de Boulogne-sur-Mer. Elle a été Marthe dans Faust de Gounod aux Nuits Lyriques de Marmande, Sœur Opportune dans Les Mousquetaires au couvent, et on a également pu l’entendre à Paris dans la Rhapsodie pour alto de Brahms. Cet été, elle a été Czipra dans le Baron Tzigane de J. Strauss au Festival d’Aix-les-Bains, les 22 et 23 juillet 2018, et tiendra la partie alto soliste dans le Requiem de Mozart, le 18 août, au Festival de Marmande.
Sophie Rabau
Portraits de voix lyriques
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