La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Critiques
Livres

Grandeurs et Misères de l’hugologie

Victor Hugo étant (fort légitimement) hissé chaque année un peu plus haut au firmament des saints républicains, toute nouvelle édition des Misérables, son œuvre-phare, prend un air d’événement. Ce fut encore le cas le mois dernier avec la parution d’une deuxième édition de ce roman en Pléiade, établie par Henri Scepi. Les exégètes continuent donc de se presser autour de la bible hugolienne avec une science et un respect accrus. Et cet événement dépasse de loin le seul domaine littéraire puisque c’est une partie de l’âme de la France qui passe ainsi sous le scalpel, à un moment où la France ne sait plus très bien où elle en est, de son âme. (Lire l'article)

Templet, montagne ruiniforme, Templefjorden (Photo Arnaud Hédouin juin 2018)
Arts froids

Le Templefjorden

À l'extrémité du Sassenfjorden, prolongement de l’Isfjorden, au Spitzberg, c’est-à-dire en Arctique pour le dire carrément, le Tempelfjorden est le refuge de milliers d’oiseaux qui viennent chaque été y nicher, rarement troublés – mais sans doute est-ce déjà trop – par les rares passages de navires de croisière ou les manips des chercheurs et étudiants de l’université de Longyearbyen.

Design, Expo

Ettore Sottsass, émaux, émois

Le maestro italien a créé à toutes les échelles, entre art et design, pour “parler de la vie”. À l'Institut cultuel italien à Paris, on peut découvrir Smalti, ses joyaux assez méconnus en émail, de 1958, présentés par les collectionneurs Fulvio et Napoleone Ferrari. Des petits totems qui nous émeuvent comme des grands. Pour poursuivre la conversation avec Sottsass, ce parleur. Qui est aussi présent à la biennale d'architecture d'Orléans, avec sa série d'armoires Superbox et ses photographies de désert. (Lire l'article)

© Julien Devaux, Into the pool
Écrans, Machines à voir

Into the pool

Une piscine, un paysage presque vide avec la mer en ligne de fond. Dans Into the pool, le cinéaste Julien Devaux se jette à l'eau, au propre comme au figuré. Et rend hommage avec humour à l'artiste néerlandais Bas Jan Ader.
La promenade dans les Calanques, série Les Dimanches, 1997, collection particulière © Véronique Ellena, 2018
Arts plastiques, Expo, Photographie

Véronique Ellena, pose et vertige

L’œuvre de Véronique Ellena possède une étrange capacité à ouvrir au spectateur un espace mental peu exploré. Les scènes du quotidien qu’elle photographie sont pour la plupart « posées ». Leurs protagonistes se prêtent au jeu, se montrent dans des postures figées qui pourraient être emblématiques (d’un geste usuel, d’une action à réaliser…), mais sont bien plus que cela : des arrêts sur image qui échappent au quotidien pour devenir improbables, fruit d’un équilibre subtil entre le concret et la figuration d’une réalité qui, du coup, échappe. (Lire l'article)

Vue de l’exposition “Dioramas”, Palais de Tokyo. Kent Monkman, Bête noire, 2014. Acrylique sur toile, matériaux divers. Courtesy de l’artiste. Photo Aurélien Mole
Arts plastiques, Expo

Dioramas, droit de regards

L’exposition « Dioramas » au Palais de Tokyo, à Paris, nous convie à un moment passionnant et nous entraîne en territoire inconnu. Tantôt issu de problématiques scientifiques, de nécessités religieuses, ou strictement artistiques, ce dispositif de représentation surprend autant par la pluralité de ses sujets que de ses formes. De sorte que la balade proposée aborde des territoires bien plus complexes qu’on ne les imaginait, parfois poétiques, souvent déconcertants. (Lire l'article)

L'affiche du film "Money Monster". Une critique cinéma de Thomas Gayrard dans Délibéré
Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Money Monster, du dollar ou du cochon

Il en est de l'œuvre réalisée par Foster comme de certaines rencontres amoureuses : elle a tout pour plaire, mais la magie ne prend pas. Fable moderne sur la finance prédatrice, ce thriller sophistiqué, projeté dans le faux temps direct d'un live, a le mérite pourtant de mettre en scène l'obscénité de notre époque, révélée par la crise financière de 2007, quand le cash fait le show – mais on ne sait plus sur quel pied danser ici... (Lire l'article)

Rafael Chirbes, Sur le rivage, traduit de l'espagnol par Denise Laroutis, éditions Rivage, 2015
Livres

Rafael Chirbes, la belle écriture

L’écrivain espagnol Rafael Chirbes est mort. Denise Laroutis, sa traductrice en français, revient sur son œuvre, ses livres qui sont des fleuves de mémoire, de savoir, de raffinement. Atteindre à l’émotion par la précision, l’exactitude, jusqu’à la surprise du détail qui vous sabre. Faire le récit de ce qui se passe, narrer son temps, le faire surgir d’un texte-corps, souvent massif. Assumer la complexité de la vie sans feintes, sans effets, mais en soulevant chaque pierre pour observer ce qu’elle cache. Aucune économie, une efflorescence d’écriture, une abondance nécessaire. Son labeur, toute sa vie : celui d’un façonneur du réel ; le résultat : une œuvre d’art, majeure, dans les hauteurs. (Lire la suite)

Danse

El Farru, pile et face

Le festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan attire des amateurs du monde entier et réserve de drôles de surprises. Ce fut le cas avec ces deux prestations d’El Farru. Côté pile, Flamenconcierto : spectacle de son cru, super show bling-bling où ne manquait qu’un feu d’artifice final. Côté face, le spectacle &dentidades de Pastora Galván, où il a rendu un hommage à son grand-père El Farruco, complètement habité par son fantôme. (Lire la suite)

Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Avengers : Infinity War, memento mori

Voilà un film dont on peut sortir comme sidéré. Non pas soufflé par sa toute-puissance spectaculaire, mais plutôt en état de choc, dans ce tout premier vertige de la courbe du deuil où la mauvaise nouvelle ne nous paraît pas plus réelle encore qu’un rêve. Car si le blockbuster devient ici expérience scénaristique et esthétique, laboratoire d’un “vivre ensemble” de cinéma où cohabitent les styles et les registres des diverses franchises Marvel, il impose surtout une grâce mélancolique et tragique rare dans un tel produit marketé. (Lire l'article)

Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

Quitter la ville

S’il y a un secteur qui n’a pas à se plaindre de l’apocalypse qui vient, c’est bien celui de l’édition. Les essais sur la collapsologie, l’effondrement, la fin du monde se vendent comme des petits pains, et gageons que le succès ira croissant tant qu’il y aura des éditeurs pour les relire (vaguement), du papier pour les imprimer et des angoisses à l’horizon. Le temps approche où les tribus réfugiées en Ardèche dans des yourtes connectées ne viendront plus en ville que pour se rendre chez les libraires, après quelques courses au Biocoop. À moins qu’elles ne préfèrent être livrées par Amazon.

Colette B. de Joséphine Serre ©Véronique Caye
Théâtre

Amer et Colette, d’amour et d’exil

Dans Amer M. et Colette B., un diptyque écrit et mis en scène par Joséphine Serre au théâtre de la Colline, deux vies se déploient entre Paris et Alger et entre grande et petite histoire, sur tous les tons et à tous les temps. 
Alexandre Seurat, L'Administrateur provisoire, éditions du Rouergue, 2016. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Alexandre Seurat pour le gouvernement polonais

En Pologne, pays membre de l’Union européenne, les femmes ont failli ne plus avoir du tout le droit d’avorter. Même en cas de viol ou d’inceste. Quand l’avortement était déjà (et demeure) très sévèrement limité dans le pays. Et le gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice, en place depuis l’automne 2015, a par ailleurs bien d’autres projets tout aussi réjouissants. Le gouvernement polonais veut préserver la dignité” du peuple polonais ? Alexandre Seurat, dans L’administrateur provisoire, lui répond avec une précision troublante. (Lire l'article)

Arts plastiques, Expo

Hors d’œuvres – Les Voyageurs, épisode 1

Chaque année, quelques vingt étudiants des Beaux-arts de Paris obtiennent leur diplôme national supérieur d’arts plastiques avec les félicitations du jury. Et chaque année, le travail de ces félicités est exposé au Palais des Beaux-arts. L’exposition 2015 vient d’ouvrir sous le titre Les Voyageurs. Un titre simple. Étrange pourtant. Car plutôt que de qualifier les œuvres, il qualifie les artistes exposants. Parce qu'il s'agit de jeunes artistes, devraient-ils d'abord justifier d'une personnalité pour pouvoir ensuite se prévaloir d'une œuvre et, finalement, être reconnus comme artistes ? (Lire la suite)

Marie B. Schneider, Dans l'air, le fond, 2013, photographie, dim variables © Marie B Schneider
Arts plastiques, Expo

Faire salon

Changement de direction au Salon de Montrouge. Ami Barak, le nouveau commissaire, déclare son intérêt pour “le concept de scène émergente” et le traduit dans la scénographie de cette 61ème édition qui entretisse les travaux exposés. Deux conséquences à cela : l’œuvre survient avant le nom qui l’accompagne ; mais surtout, des airs de famille apparaissent, qui rassemblent des œuvres dont on découvre avec surprise qu’elles ne sont pas de la même main. À mesure qu’on avance dans le parcours, celui-ci s’enrichit rétrospectivement : un type de forme revient, un nom déjà aperçu fait retour… Ce qui permet de relever, chez des artistes d’une même génération, des points de cristallisation communs. (Lire l'article)