Orestea, vingt ans après
Avant ou après le 13 novembre, impossible de ressentir de la même façon la représentation de la violence sur une scène de théâtre parisienne. Dans Orestea, l'adaptation par Romeo Castellucci des trois pièces qui forment L'Orestie d'Eschyle, cette violence cueille les spectateurs d'entrée.
Trois Espagnols pour le prix d’un Pritzker
C'est l'agence RCR Arquitectes (Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramón Vialta) qui remporte le prix international d'architecture 2017. Les concepteurs en 2014 du musée Soulages à Rodez sont installés depuis 1988 dans leur petite ville catalane d'Olot. Ils y développent une architecture minimale mais d'inspiration locale, en osmose avec matériaux et paysages, entre tradition et contemporaneité. Ce qui leur vaut cette récompense. (Lire l'article)
6 – Exercices de style part III
Après le cinéma, certaines séries se sont laissé aller aux joies du jump cut, du montage-son sophistiqué, des ellipses narratives et de quantité d’autres techniques, que l’on ne verra certes pas dans “Dallas” ni même dans “Downton Abbey”.
Des pleurotes à Frédégonde
Tout l'été à Paris, les Docks, Cité de la mode et du design proposent le festival Ensemble, un rendez-vous amusant et actif. Une sorte de ville en modèle réduit, où l'on peut voir pousser des champignons, tester des architectures éphémères dont une bibliothèque, grignoter des curiosités culinaires. Et admirer d'intrigantes robes de reines françaises, élaborées avec des habitantes de Saint-Denis. (Lire l'article)
Vostok
“Vostok” de Leticia Ramos explore les profondeurs du plus grand lac sub-glaciaire de l'Antarctique, à cinq cents mètres en dessous du niveau de la mer. Vérité documentaire ou illusion d'optique?
La petite sonate en fa majeur
La flambée Scarlatti des années folles s'éteint lentement avec deux textes très différents. Un roman d'un académicien aujourd'hui bien oublié, Edmond Jaloux, et une déclaration d'amour de Jean Giono. Les Barricades mystérieuses, en 1919, montraient déjà à l'œuvre le très habile (et très démonstratif) Jaloux. Huit ans plus tard, Sur un air de Scarlatti est dédié à Wanda, “qui a tant fait pour Scarlatti”. Cela commence comme Mort à Venise, et finit tout aussi mal. Jean Giono, trente ans plus tard, qualifie les sonates de “comprimés de magie”. Deux siècles exactement après la mort du maître, Sur quelques sonates de Scarlatti (1957) est une touchante évocation d'un souvenir d'enfance. (Lire l'article)
Kyoto forever 2 : la COP est vaine
Frédéric Ferrer a installé sa compagnie Vertical Détour dans les cuisines désaffectées de l'hôpital psychiatrique de Ville-Évrard, en Seine-Saint-Denis, où depuis 2004 il poursuit un travail qui tourne autour du thème du dérèglement, envisagé du point de vue psychique – les figures de la paranoïa – et climatique – le réchauffement planétaire. Ferrer affectionne une forme théâtrale : la conférence scientifique qui dégénère. Kyoto forever 2, le spectacle qu'il présente à la Maison des Métallos à Paris, est de ce point de vue particulièrement réussi. (Lire la suite)
L’annuaire de Kirkpatrick
L'Américain Ralph Kirkpatrick, élève de Wanda et musicologue à Yale, est le principal biographe de Scarlatti. Son Domenico Scarlatti de 1953 est cependant à prendre avec des pincettes. La biographie est remarquable, mais la musicologie a souvent été remise en question. Non, toutes les sonates ne vont pas par paires, non, le point d'orgue de la sonate n'est pas la “crux” qu'il avait inventée, non Scarlatti n'a pas composé toutes ses sonates pendant les cinq dernières années de sa vie. Mais tout défricheur prend et assume le risque de faire fausse route. Son jugement sur l'évolution des sonates est parfois un peu énigmatique mais toujours d'une grande justesse. Il est l'auteur d'une classification “scientifique” des sonates. Mais la “vraie” classification chronologique reste à faire. (Lire l'article)
Trajal Harrell, gentleman cambrioleur
Le chorégraphe et danseur new-yorkais n’a que des idées saugrenues (de celles qui font progresser l’art). Dans Le Fantôme de Montpellier rencontre le samouraï, ce gentleman cambrioleur n’hésite pas à voler chez les autres pour construire son propre langage. Et il touche à la personne la plus sacrée, Dominique Bagouet, figure emblématique de la ville où il créa l'un des premiers centres chorégraphique nationaux. (Lire la suite)
Simon McBurney et les fantômes de l’Amazonie
À l'étiquette de metteur en scène, Simon McBurney a toujours préféré celle de “conteur”. À l'Odéon, seul en scène, il adapte Amazon Beaming, récit halluciné d'un photographe américain égaré dans la jungle. C'est bien au chevet des spectateurs que se place McBurney tout au long d'une soirée où sa voix berce, surprend, fascine, et où, bien plus que les images et les lumières, les sons ouvrent les portes de l'imaginaire. (Lire l'article)
Tous les campements du monde
Parallèlement à une exposition consacrée aux architectes universalistes portugais, la Cité de l'architecture parisienne présente Habiter le campement. Pour effectuer cet état des lieux du “monde global des camps”, une savante collecte de 14 000 photographies de photojournalistes a été menée. Ont été identifiées six manières d'habiter : les nomades, les voyageurs, les infortunés, les exilés, les conquérants et les contestataires. Un panorama mondial des habitats éphémères, des yourtes nomades aux cahutes d'urgence, des bivouacs de voyageurs aux logistiques militaires, des centres de rétentions aux tentes des contestataires. Cette exposition n'est pas seulement un listing complet, esthétique ou tragique, des campements, elle nous incite à observer. (Lire l'article)
Le haka smoothie de Daniel Linehan
Pourtant fort bien composée, comme les précédentes, la dernière pièce de Daniel Linehan dbddbb qui s’appuie sur la marche et la poésie sonore dada, ne parvient pas à nous entraîner plus loin que dans le bel exercice de style. Doucereux. (Lire la suite)
Métaphores et métalepses
À la fin de son Mystère Tex Avery, Robert Benayoun propose en vrac un “lexique succinct des métaphores texaveriennes”, en d'autres termes ces “trucs” qui prouvent que l'on se trouve bien dans l'univers avéryen. On y trouve l'effritement, propension des personnages maltraités à se retrouver en morceaux façon puzzle, la folie lubrique, de l'érection des globes oculaires à la mâchoire qui tombe sur le sol, la folie définitive, à coups de marteau, les “accélérations insanes”, les aphorismes, tel le kangourou sautant dans sa propre poche, ou le “sur-commentaire”, façon “Long isn'it ?” apparaissant sur un panneau devant une très longue voiture. Mais Tex Avery est surtout le roi de la “métalepse narrative”, au sens que lui a donné Gérard Genette. (Lire l'article)
Arnaud Meunier ou le théâtre optimiste
Arnaud Meunier met en scène un Candide pimpant, à la fois près du texte et inventif, proche de la comédie musicale. Dans un entretien, le metteur en scène revient sur ce spectacle et sur sa conception du théâtre.
Si tu ne viens pas au théâtre, le théâtre ira à toi
Une pièce jouée en direct depuis l'Argentine pour des spectateurs connectés via Internet : dans Un problema de distancia de Sebastián Villar Rojas, un écran peut en cacher un autre...
Aurillac, en corps, en corps
Le maire d'Aurillac, avait à peine terminé son discours par une invitation à “faire beaucoup l'amour” que dans la foule massée sur la place de l'hôtel de ville des petits groupes commençaient à se déshabiller. C'était mercredi 23 août, pour le lancement du Festival international de théâtre de rue, et le vertige a duré quelques secondes, avant que le théâtre reprenne ses droits. Durant quatre jours, Aurillac a fait la fête et célébré les corps en liberté. (Lire l'article)
Le Vin
Il est 11 heures au bar-tabac de la Poste, à Saint-Pair-sur-Mer (Manche). Au comptoir, deux hommes discutent devant un verre de calvados, qui n’est apparemment pas le premier que le patron leur ait servi. Le moins éméché des deux attrape un journal dont la manchette interroge en lettres rouges : "Faut-il croire à la fin du monde ?". Il le met sous le nez de l’autre, qui s’emporte : "Putain, ils commencent à nous faire sérieusement chier avec leur fin du monde. Un coup c’est le Brexit, un coup c’est l’apocalypse. Qu’est-ce qu’y vont nous servir, après ?" (Lire la suite)
La bande sauvage
Où sont ces mystérieux cavaliers, ces Rimbaud de la roue, l'haleine chargée de haschich et les yeux clignotants comme s'ils venaient de traverser le désert avec un savoir secret, où sont-ils maintenant ? Les poètes d’antan ou de demain, où sont-ils passés ?


















