Antoine et Cléopâtre, passion parfaite
Tiago Rodrigues a baptisé sa compagnie Mundo Perfeito. Son spectacle Antoine et Cléopâtre est en harmonie avec ce nom : il est rare de sortir d'un théâtre avec la sensation que ce qui est montré est la traduction parfaite du projet initial. Faire vivre l'âme de l'un dans le corps de l'autre, c'est très exactement ce que réalisent sur scène Sofia Dias et Vítor Roriz. (Lire l'article)
Wait Until Tomorrow
Quelle musique pour la fin du monde ? Jean-Sébastien Bach ou Jimi Hendrix ? Te Deum ou Machine Gun ? Concert live ou MP3 ? L’orchestre du Titanic est réputé avoir joué jusqu’au bout. La légende prétend que son dernier morceau fut My God, To Thee (Plus près de toi mon Dieu). Rescapé du naufrage, un des deux opérateurs radio du bord affirme, lui, avoir entendu les huit musiciens interpréter le cantique Autumn. Certains érudits penchent plutôt pour Songe d'Automne, une valse composée par Archibald Joyce. D’autres enfin assurent que tout cela n’est qu’une belle histoire : en réalité, les musiciens auraient tenté de sauver leur peau comme tout le monde. (Lire la suite)
Dorothea Lange, retour sur icône
Mère migrante est une des photos les plus célèbres de Dorothea Lange, et figure en bonne place dans l'exposition que le Musée du Jeu de Paume à Paris consacre à la photographe américaine. Retracer son histoire permet de reposer plusieurs questions fondamentales : sur le statut de la photo documentaire, sur les rapports entre le photographe et son modèle, sur la liberté artistique, sur le copyright, sur le droit d'auteur et sur le droit à l'image. Des questions que Dorothea Lange était loin d'envisager ce jour froid et pluvieux de février 1936 où elle décida d'arrêter sa voiture, sur l'U.S. Route 101, à proximité de la petite ville de Nipomo, entre San Francisco et Los Angeles. (Lire l'article)
Un œuf de Pâques (tardif)
Quand on a le bonheur de tomber sur un grand vulgarisateur, il ne faut pas bouder son plaisir. Est sorti récemment en français un ouvrage du mathématicien américain Jordan Ellenberg qui devrait faire l’objet d’une ordonnance littéraire à tout élève de l’ENA ou parlementaire, bizuth ou non. Intitulé How not to be wrong en VO, ce livre a été publié en VF sous le titre délicieux et à mon sens bien meilleur L’art de ne pas dire n’importe quoi (un grand bravo à la traductrice, Françoise Bouillot). Sous-titre : ce que le bon sens doit aux mathématiques. (Lire l'article)
“On n’est pas couché” dehors…
Prie-Dieu, La Mergez et Amédée, sont des clochards établis sur les quais de Seine, jusqu’au jour où ce dernier apprend qu’il est l’héritier de sa tante Adélaïde, qui lui lègue son pavillon en banlieue. Mais il ne pourra occuper ce domicile fixe que s’il prend en charge son neveu Nicolas, un jeune trisomique fasciné par Gagarine et les étoiles. Les fugues de Nicolas ou les frasques des amis plus ou moins honnêtes des SDF seront les moteurs d’une odyssée citadine où s’accumulent les rencontres de personnages hauts en couleur, sans jamais tomber ni dans le pathos larmoyant ni dans la glorification idéalisée de la marginalité. (Lire l'article)
Daron, ceinturon, téléportation
Il y a un gag récurrent sur Vine (ou Instagram), chez les jeunes garçons dont les parents sont originaires d'Afrique de l'Ouest : le fils se retrouve face à son père armé d'une ceinture qui le frappe, en général sans motif probant, sinon que, puisque la ceinture existe, il faut s'en servir. Et à quoi d'autre, logique de l'absurde, si ce n'est à sévir ? Nous adultes, nous savons pourquoi le père veut toujours taper le fils : parce qu'un ordre social plus grand que le fils demande que celui-ci y soit intégré, ordre dont le fils n'a pas la moindre idée. Le running gag du père frappeur participe d'un ensemble de saynètes qui racontent avec humour un prolétariat classiquement désireux d'élévation sociale. (Lire la suite)
Le design, Now et maintenant
De Bastille à Barbès, la Design Week parisienne a fermé ses boutiques. Après une semaine de présentations diversifiées, du meuble le plus léché classique aux bidouillages numériques de toutes sortes. Entre réfugiés sous la Cité de la mode et du design, rentrée économique maussade et questionnements sur l’avenir d’un métier qui se redéfinit, se re-cherche vers des démarches plus locales et mutualistes. Tour de piste, de fêtes en débats, de cette manifestation qui est un des reflets d’un design désarticulé. (Lire la suite)
Kat Vàlastur, reprendre la main
Le spectacle Ah! Oh! A contemporary ritual fait partie des bonnes surprises que nous réserve régulièrement le festival d’Uzès, proposé par le Centre de Développement Chorégraphique, attentif aux jeunes auteurs. Comment les formes d’anciennes danses peuvent échapper à leur statut de folklore vieillissant pour retrouver un sens politique et éthique? Une réponse chez Kat Vàlastur.
Le Templefjorden
À l'extrémité du Sassenfjorden, prolongement de l’Isfjorden, au Spitzberg, c’est-à-dire en Arctique pour le dire carrément, le Tempelfjorden est le refuge de milliers d’oiseaux qui viennent chaque été y nicher, rarement troublés – mais sans doute est-ce déjà trop – par les rares passages de navires de croisière ou les manips des chercheurs et étudiants de l’université de Longyearbyen.
Une femme de rêve
Ordonnance pour un passager anonyme croisé au hasard d’un trajet en métro. Paris, matin d'automne, station Mairie des Lilas. Les regards sont happés par un point blanc qui roule d'avant en arrière, un petit cylindre brillant sous la lumière artificielle et borgne. Roulis métropolitain. Un homme âgé replie le journal pour suivre les mouvements de cet électron libre matutinal. Presque amusé. Et puis, tout à coup, son regard se détourne de l'Objet Roulant Non Identifié et reprend la lecture du quotidien. Qu’a-t-il vu ? Un tampon ! Dans mon esprit, cela n’a fait ni une ni deux. Tampon, femme, vie en rose… la couverture rose de La Faculté des rêves s’impose. Rose comme de la chick lit girly. Mais dans La Faculté des rêves de Sara Stridsberg, pas de romance. Mais du roman, du vrai ! (Lire la suite)
L’Autre de l’Arabe mis à nu
Jetant dans une revue confectionnée à la hâte et avec soin ses poèmes oniriques ou acides, un collectif d’émigrés sans foi ni loi, divines ou politiques, explore les potentialités poétiques de la langue arabe et s’en prend à l’héritage qu’il refuse. Ces auteurs revendiquent pour cela un autre legs, qu’on croyait taillé à la seule mesure d’un Occident traversé par ses propres crises, celui du surréalisme. Poèmes en vers ou en prose, pièces littéraires et contre-points théoriques de cette revue ont été traduits de l’arabe et rassemblés par Abdul Kader El Janabi dans un volume intitulé Le Désir libertaire. Le surréalisme arabe à Paris. 1973-1975, publié aux éditions L’Asymétrie. (Lire l'article)
Émotions en bord de route
Lucinda Williams, née à l'origine pour être une chanteuse country, pleure des poésies déchirantes sur une musique folk-rock frissonnante. C'est avec une voix totalement érodée qu'elle murmure des paroles provocatrices sur une musique qui puise ses influences dans le gospel et le blues. The ghosts of highway 20, son dernier album, fait référence à ces voyages parsemés de motels glauques et de manque d'amour à travers les routes qui mènent du Texas à la Floride en passant par la Louisiane. Écoute en boucle recommandée. (Lire la suite)
Alibaba dans les pas du dragon
Et si étendre son champ d’action business passait par les arts martiaux… C’est en tout cas l’idée du patron d’Alibaba qui veut faire d’une forme de tai chi une discipline olympique. Première étape : la réalisation d’un film d’arts martiaux dont il est le héros. (Lire l'article)
Bailographies à Mont-de Marsan
La 31e édition du festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan s'est tenue du 2 au 6 juillet. Programmation de qualité, mélange générationnel, la manifestation ne s'essouffle pas. En prime, une très belle expo photo signé Michel Dieuzaide.
Il Miracolo, une histoire du trouble
Dieu, ces derniers temps, visite souvent Arte et c’est tant mieux. Après Au nom du père, co-production avec le Danemark, et son ravageur pasteur, voici Il Miracolo, co-production avec l’Italie, avec sa vierge en plastoc qui pleure des litres de sang. Serait-ce un rien passéiste ? Parce que l’Italie, là, semble moins habitée par les miracles de la madone que par de bons vieux démons. Erreur. (Lire le guide)
Une sélection de livres pour cette fin d’année
Gregg Ellis, Séries Photographiques. Saison 2, épisode 8
L’adieu aux FARC
Si la révolution n'est pas un dîner de gala, elle peut être une pièce de musée. En Colombie, l'un des principaux campements des FARC a été transformé par l'armée, après les accords de paix, en lieu de mémoire. Des soldats y jouent le rôle des guérilleros, d'autres celui des otages. C'est le point de départ de La Despedida, le spectacle de Rolf et Heidi Abderhalden, fondateurs du Mapa Teatro de Bogota, qui clôt une trilogie consacrée à la violence dans leur pays. (Lire l'article)
Un jésuite à éclipses
En 1725, Domenico Scarlatti se voit confier une mission par l'ambassadeur du Portugal à Paris : remettre au roi une lentille de lunette astronomique... L'instrument, lui explique da Cunha, a été livré à Lisbonne imperfeito, et Jean V est furieux de s'être fait rouler dans la farine par un artisan français pourtant réputé, Nicolas Bion. On sait le roi grand amateur de musique, d'art, de littérature et de sciences naturelles, mais il se passionnait aussi, comme tout honnête homme à l'époque, pour l'astronomie dont un certain Isaac Newton, président en exercice de l'académie des sciences anglaise, la Royal Society, venait de trouver le grand secret : l'attraction universelle. (Lire l'article)


















