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Théâtre

Milo Rau ou les vertiges de la tragédie

La Reprise, spectacle du Suisse Milo Rau joué au festival d'Avignon puis repris du 22 septembre au 5 octobre au théâtre de Nanterre-Amandiers dans le cadre du Festival d'Automne, revient sur le meurtre homophobe et raciste d'Ihsane Jarfi. Ce n'est ni une enquête, ni une reconstitution, ni un mausolée à la mémoire de la victime. Ce que met en scène Milo Rau dans tous ses spectacles, c'est moins l'histoire que le rapport à cette histoire. Si l'horreur et le meurtre ne sont pas explicables, on peut du moins tenter de comprendre ce qu'ils éveillent en nous. Regarder la tragédie et non le fait divers, c'est ce qu'il propose ici. Il y a de la tristesse dans ce spectacle. Et de l'intelligence. (Lire l'article)

Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Avengers : Infinity War, memento mori

Voilà un film dont on peut sortir comme sidéré. Non pas soufflé par sa toute-puissance spectaculaire, mais plutôt en état de choc, dans ce tout premier vertige de la courbe du deuil où la mauvaise nouvelle ne nous paraît pas plus réelle encore qu’un rêve. Car si le blockbuster devient ici expérience scénaristique et esthétique, laboratoire d’un “vivre ensemble” de cinéma où cohabitent les styles et les registres des diverses franchises Marvel, il impose surtout une grâce mélancolique et tragique rare dans un tel produit marketé. (Lire l'article)

Babar, "un mot pour un autre" (une chronique de Christilla Vasserot)
Le coin des traîtres, Traduction

Un mot pour un autre

On a coutume de considérer la traduction comme le transfert d’un message d’une langue à une autre. Mais elle peut aussi être manipulation du message et s'exercer, parfois, au sein d'une même langue. La campagne présidentielle, entre autres, nous en fournit chaque jour bien des exemples. Il arrive même que le message initial ne soit plus repérable dans la traduction qui en est fournie. Certains se sont pris à ce jeu. La preuve par Borges, George Clooney, Jean Dujardin, Babar, La Sorbonne Nouvelle et Barack Obama. (Lire l'article)

Johnny Halliday - Tous ensemble
Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

Tous ensemble

Chaque jour, par petites touches, la fin du monde s’insinue dans nos têtes comme une évidence, comme une échéance inéluctable. Nous nous y habituons sans vraiment nous en rendre compte. Prenez la fin novembre. Discourant doctement sur la "programmation pluriannuelle de l’énergie", Emmanuel Macron lançait à son auditoire : "Il y a des Français qui disent : “On entend le Président évoquer la fin du monde alors que nous, on parle de la fin du mois”, eh bien nous allons traiter les deux, nous devons traiter les deux". C’est ainsi que fin de mois et fin du monde ont été mariées pour le pire et pour le pire. (Lire  l'article)

L'EHPAD Broussais conçu par Samuel Delmas © Frédéric Gémonet
Architecture

Samuel Delmas, les murs en fuite

Le jeune architecte a exposé (trop brièvement) à la galerie de l’architecture parisienne. Mais il publie une monographie (durable) consacrée à seize projets. Et depuis décembre 2015, il livre un bâtiment, l’EHPAD Broussais dans le XIVe arrondissement de la capitale. Trois étapes pour découvrir une pensée précise et un dessein “Sensible”. Des réalisations à la fois ouvertes et intimes, riches de matière mais épurées. D’une maison privée dans la montagne à une Unité d’hospitalisation de psychiatrie infantile, le bois fait traversant, le blanc y rayonne particulièrement. Les bâtiments de l’agence a+samueldelmas créent de belles échappées vers l’extérieur. (Lire la suite)

Billet de 10 livres émis par la Banksy of England, en circulation
Arts plastiques, Bansky vs Marcel

Banksy vs Marcel : un siècle de retard sur l’art en morceaux (1)

L'artiste et performer Banksy a récemment machiné la destruction publique de l'un de ses tableaux mis aux enchères. Diriger un tel acte vers un ramassis de milliardaires et d’experts incultes pour jouir d’un beau chahut mondain, c’est abandonner en chemin la vraie question qui gît dans un acte de destruction de l’art. Un siècle plus tôt, la destruction des œuvres fut l’objet, au sens matériel et philosophique, d’un hasard expérimental moins tapageur mais ô combien plus intéressant puisque aucunement prémédité et sans complicité médiatique. Les protagonistes de cette histoire s'appellent Marcel Duchamp et Man Ray. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Que le Grand Cric te croque !

Nos cinq pirates sont toujours sur le même bateau, bien embarrassés par les 1000 doublons du butin qu'ils doivent se répartir tout en respectant les obligations fixées par leur maître Barbe-Noire, qui s'amuse maintenant à changer les règles du jeu. Il devient de plus en plus difficile d'échapper aux menaces de la planches ou aux crocs du Grand Cric... (Lire l'énigme)

Danse

Montpellier Danse : des chocs venus du Sud

Le 36ème festival Montpellier Danse s'est achevé le 9 juillet. Il a été le reflet d’un bouillonnement certain, du surgissement d’une danse traversée et concernée par les tragédies de l’époque (l’homophobie grandissante, la montée des fascismes, la crise économique, la revendication de cultures ignorées ou méprisées par l’Occident, la question des migrants, des réfugiés et de l’exil). Tous les chorégraphes ont visé dans le mille, sans trop se soucier de formater leurs spectacles pour plaire ou être dans l’air du temps. (Lire l'article)

Théâtre

Rubens, Godard et les autres

La salle des Rubens, au cœur du musée royal des Beaux-Arts d'Anvers est actuellement fermée pour travaux. Qu'à cela ne tienne : dans Het Land Nod (Le Pays de Nod), le collectif FC Bergman se propose d'installer les spectateurs dans la salle d'origine, reconstituée à l'identique. Ne manquent que les Rubens aux murs. À l'exception d'une crucifixion, connue sous le titre Le coup de lance, où le Christ est entouré des deux voleurs. Entre gardiens maladroits et visiteurs intempestifs, la salle des Rubens est très fréquentée. On y croise même Godard... (Lire l'article)

Honoré, Petite anthologie du dessin politique (1995-2015), Éditions de La Martinière, 2016, 25€. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Ordonnance pour nos amis biterrois

Dans la Petite anthologie du dessin politique qui vient d’être publiée aux éditions de La Martinière, en hommage au dessinateur Honoré assassiné avec ses collègues de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, les puissants de ce monde se bousculent, épinglés par un trait précis et épuré, dans des dessins en noir et blanc parfois agrémentés de rares touches de couleur : tâches de sang sur les mains du couple Pinochet, tapis rouge qui engloutit une Bernadette Chirac recevant Elisabeth II, drapeau américain tenu par un membre du Ku Klux Klan… Au fil des pages, les puissants parlent, Honoré leur répond. On recommandera à nos chers amis biterrois la lecture de cet ouvrage, qui les changera du Journal de Béziers auquel ils sont abonnés d'office. (Lire l'article)

Camera Obscura © Pedro Escobar
Cinéma, Écrans, Photographie

Camera Obscura

“Éteindre la lumière pour mieux regarder” : une vidéo réalisée à partir de la manipulation de quatre photographies numériques capturant l'effet d'une chambre noire, et un texte retraçant les étapes de cette réalisation.

Arts plastiques, Expo

Les “Singer Notes” de Mel Bochner

Il y a presque cinquante ans, Mel Bochner entrait en résidence au Singer Central Research Laboratory, dit Singer Lab. Il y avait candidaté avec un projet intitulé Numerical Photographic Translation : il voulait traduire photographiquement une configuration numérique, c’est-à-dire, littéralement, produire une image digitale. Les ressources du Singer Lab. devaient l’y aider. Mais, quelque temps après, les ingénieurs du laboratoire conclurent que les technologies n’étaient pas assez avancées et Bochner dut renoncer au projet. La résidence se changea en une conversation sans but précis et Bochner décida que les notes prises par les participants à ces échanges en seraient le seul résultat. Ces Singer Notes sont aujourd'hui exposées à la galerie mfc michèle didier. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Le trou dans le zéro

Tout comme la nature, les mathématiciens ont horreur du vide, du trou, de la pièce manquante. L’esthétique, la morale presque, commandent une théorie complète, sans surprise, sans hiatus. Si un formalisme mathématique permet de poser une question, elle devrait avoir une réponse ; toute opération devrait fournir un résultat. Sinon il manque quelque chose, et ce manque vous gratte jusqu’au sang ; il faut absolument compléter la théorie pour le combler. Il ne s’agit pas ici d’un principe ni d’une vérité : simplement d’un réflexe, d’un tropisme, d’une compulsion. (Lire l'article)

Chefs-d'œuvre retrouvés de la littérature érotique, Classé X

François Rabelais débraguetté

À l'époque de la Renaissance, la braguette ne se résumait pas à une simple et commode fermeture Éclair mais se présentait sous la forme d’une pièce de tissu de proportions impressionnantes, rembourrée qui plus est par divers objets, des oranges par exemple, et constituait ainsi un élément central de la parure masculine. Elle est un motif récurrent dans l’œuvre de François Rabelais, peut-être même son point nodal. Ses personnages en parlent beaucoup, au point de vouloir consacrer de doctes essais au sujet. D'après certains exégètes inspirés, elle serait même une clé susceptible d'ouvrir l'ensemble de l'œuvre rabelaisienne. (Lire l'article)