LIVRES
Tout ou rien !
Ce n’est pas un garçon, c’est un homme. Il a 47 ans, des cheveux et le permis de conduire. Il chausse du 44 et il est grand oui, il est grand. L’allure chic et animale. Étrange. Pas mal du tout même. Avec un beau sourire… Depuis leur rencontre, Patrick fait la météo de la santé mentale de Gilda. Depuis, le prof de français divorcé tourne dans sa tête et il faut l’en sortir. Alors, elle écrit. Elle prend des notes. Mails. SMS flamboyants et journal. L’amour rend dingue. Mais l’amour de l’amour, c’est encore pire ! LB
Tous les hommes chaussent du 44, de Géraldine Barbe, Éditions du Rouergue
Esther ou le quotidien en CM2
Personnage intergénérationnel, le petit Nicolas n’a jamais dépassé les dix ans. La jeune Esther, de son côté, a pris de la bouteille (de Champomy), fêtant ses onze ans cette année. Après L’Arabe du futur 3, en octobre 2016, Riad Sattouf revient avec la publication du deuxième album des « Cahiers d’Esther », Histoire de mes 11 ans, qui réunit une cinquantaine d’histoires du quotidien racontées par la fille d’un ami. Terrorisme, amour, sexualité, cour de récré, Kenji Girac ou Princesse Raiponce… Tous les sujets y sont abordés par une gamine de CM2, dont le ton enfantin et la vision candide du monde ne sont pas sans rappeler certains traits du héros de Goscinny et Sempé. CLD
Riad Sattouf, Les Cahiers d’Esther, Histoire de mes 11 ans, Paris, Allary Editions, 58 p., 16,90 euros
Honnête menteur
L’histoire pourrait commencer en 1963, au moment de l’assassinat de John F. Kennedy. Ou en 1937 à Louisville, avec la naissance de Hunter S. Thompson. En fait, tout débute en 1946, quand à l’âge de 9 ans il tient tête aux agents du FBI venus l’interroger – en vain – à propos d’un vol de boîte aux lettres. Une leçon pour le jeune garçon : « Dans une société prisonnière, les maîtres se repaissent de la liberté des hommes. Mais, même dans un monde de matons, aucune vérité ne peut piéger un honnête menteur. » Ce roman graphique (le quatrième publié par les éditions nada) retrace le parcours de cet écrivain pressé et, avec lui, l’histoire du journalisme « gonzo » dans une Amérique où beaucoup ont fini de rêver. CV
Gonzo, une biographie graphique de Hunter S. Thompson, par Will Bingley (texte) et Anthony Hope-Smith (dessins), traduction française de Paulin Dardel, nada-éditions, 190 p., 18 euros
EXPOSITIONS
Erwin Blumenfeld
Deux cents œuvres, une trentaine de clichés inédits… Une exposition met en en scène le travail du photographe américain d’origine allemande (1897-1969). Particulièrement sa relation avec la presse de mode, Harper’s Bazaar, Vogue, Look, Life, Cosmopolitan et avec la publicité. Sa photographie du mannequin Lisa Fonssagrives sur la tour Eiffel (Vogue, 1939) est célèbre. Ce chercheur dadaïste, à la vie mouvementée, a révolutionné la couleur – solarisation, combinaison d’images positives et négatives, photomontage – dans les années 40 et 50, et marqué l’Amérique. AMF
Docks, cité de la mode et du design, Studio Blumenfeld New York 1941-1960, du 3 mars au 4 juin 2017. 36, quai d’Austerlitz, 75013 Paris. Conférence de Nadia Blumenfeld Charbit, samedi 29 avril, à 18h30, auditorium de l’IFM.
Entrez dans la Game Boy
Mario, Pac-Man, Lara Croft, Candy Crush Saga ou Pokémon Go… Le jeu vidéo est devenu un média populaire et artistique, support d’une économie très lucrative. L’Espace Fondation EDF, qui était fermé pour travaux, réouvre ses portes avec l’exposition « Game, le jeu vidéo à travers le temps ». En soixante jeux présentés, dont la moitié jouables, Jean Zeid, journaliste spécialisé, remonte le temps de cette « déjà » histoire. Et propose un dialogue entre générations. Des consoles de salon d’antan à la réalité virtuelle d’aujourd’hui. AMF
Espace Fondation EDF, 6, rue Récamier, 75007. Du 1er mars au 27 août. Entrée libre, du mardi au dimanche, de 12h à 19h.
CINÉMA
Libérés ?
Seuls : ainsi se réveillent une poignée d’ados, dans leur ville de banlieue soudain déserte, encerclée d’une fumée toxique et hantée par un tueur psychopathe… Les voilà partis pour un voyage au bout de la nuit, entre ivresses de liberté et angoisses d’abandon, descente aux Enfers servie par une photographie sombre et colorée à la fois. Sans doute nous faut-il un peu de temps pour accepter, face à cette adaptation d’une BD franco-belge devenue culte, d’être en train de voir un Hunger Games hexagonal, interprété et fabriqué par des compatriotes, avec son esthétique de blockbuster hollywoodien, ses twists de scénario et sa bande de teenagers – formidables Sofia Lesaffre et Stéphane Bak, qui portent l’aventure sur leurs épaules d’aînés. Les intégristes du film d’auteur à la française n’y comprendront rien, mais c’est pourtant une bonne nouvelle pour notre septième art, doublée d’une autre : en propulsant une Arabe et un Noir héros du thriller, en faisant de leur différence un enjeu, l’œuvre prend position et fait campagne. Du cinéma français de genre et politique, enfin décomplexé. Après ce premier opus encore maladroit mais attachant, de quoi attendre la suite avec impatience. TG
Seuls, de David Moreau, avec Sofia Lesaffre, Stéphane Bak…
Miroir
Alors que la science-fiction minimaliste et métaphysique n’en finit plus de renaître, le cinéaste canadien déjà culte Denis Villeneuve (Incendies, Sicario…) propose sa version des Rencontres du troisième type, comme si l’on intéressait au rôle alors joué par Truffaut pour Spielberg. En suivant la linguiste Louise Banks (Amy Adams, qui n’en finit plus de se révéler) expérimenter le langage et la communication avec des aliens aux desseins bien mystérieux, il ne propose pas seulement une belle réflexion humaniste sur l’altérité, portée par un beau travail atmosphérique de l’image ou du son. Il nous embarque dans tout un jeu de paradoxes temporels et affectifs. Vertigineuse et rare expérience de montage, qui devient philosophique… De cette surface transparente derrière laquelle les extra-terrestres nous font face, il fait un miroir où se réfléchissent nos désirs, nos peurs, nos choix. TG
Premier contact, de Denis Villeneuve, avec Amy Adams, Jeremy Rener…
DANSE
Sens Dessus Dessous
Le festival Sens Dessus Dessous proposé par la Maison de la danse de Lyon agite les idées, les formes et les corps. On y découvre généralement des chorégraphes singuliers au propos inclassable, des artistes qui se caractérisent par leur liberté de ton et leur audace. Au programme de cette 5e édition, sept compagnies menées par des chorégraphes d’origine française, irlandaise, grecque, burkinabé, rwandaise, biélorusse et algérienne se produisent sur le grand plateau ou au studio de la Maison de la danse ainsi qu’au Toboggan à Décines. Deux créations à ne pas rater, celle de la Grecque Patricia Apergi et celle du Burkinabé Serge Aimé Coulibaly. MCV
Festival Sens Dessus Dessous, du 5 au 18 mars, Maison de la danse, Lyon 8e, 0472781818
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