La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Chroniques
Altaf Tyrewala - Le ministère des sentiments blessés - Actes Sud
Ordonnances littéraires

Le Ministère des sentiments blessés pour Gilles Le Gendre, député trop subtil

Il est des patients qui découragent les meilleures volontés médicales. Monsieur Gilles Le Gendre, président du groupe La république en marche à l’Assemblée nationale, en fait partie. Après avoir affirmé, voici quelques semaines, que le seul tort de la majorité présidentielle était d’avoir été trop intelligente, subtile et technique, il a été admis en urgence par le Dr R. qui, depuis, rechigne à le soigner tant elle le trouve antipathique. Le sens du devoir médical finit par l’emporter et elle lui prescrit non sans subtilité quelques extraits d’un long poème d’Altaf Tyrewala, Le Ministère des sentiments blessés, récemment conditionné en français aux éditions Actes Sud. La lumineuse clarté de cette subtile poésie aidera-t-elle notre patient... dont le Dr R. pourra enfin se débarrasser ? Espérons-le. (Lire l'ordonnance)

Foot, Footbologies, Footbologies 2015-2016

J3 – La fin de l’ère “glacière”

Le football n’est pas qu’un spectacle, il est aussi un discours, ou plutôt une superposition de discours qui investissent leur objet de significations multiples. Effet de la surmédiatisation, ces discours prolifèrent et tendent à se reproduire les uns les autres, à se citer, se copier, et cette spécularité favorise la production de mythes : des plateaux télé au café du commerce, tout le monde parle de la même chose, laquelle chose devient un référent collectif dont la signification évolue. Un exemple à l’Olympique de Marseille, avec la glacière de Marcelo Bielsa. (Lire l'article)

Foot, Footbologies 2016-2017

J9 – Un footballeur ne devrait pas dire ça…

Dans un livre d’entretiens publié cette semaine, le président de la République évoque la formation intellectuelle des footballeurs. Les qualifiant de “gosses mal éduqués” –comme si l’éducation ne relevait pas de ses compétences– et de “gars des cités” –comme si le problème des banlieues ne le concernait pas–, il critique leur manque de “références” et de “valeurs”, leur incapacité à discerner “le bien et le mal” et pointe leurs difficultés d’expression. Or, la communication fait partie de la mise en scène. Comme ils apprennent un rôle, les footballeurs mémorisent aussi des dialogues. La faute aux caméras qui scrutent, aux journalistes qui décortiquent le moindre propos. Pas de place pour l’improvisation. (Lire l'article)

délib'euro – l'Euro 2016 des écrivains, vu par Clo'e dans délibéré
délib'euro, Foot

Croatie-Portugal : une dure épreuve sans épreuve finale

Après sa victoire contre l’Espagne, la Croatie de Modrić était l’équipe à battre, et c’est par peur d’être battu que Fernando Santos, le sélectionneur portugais, décida d’endormir les Croates, et au passage les millions de supporters. Mais au football, seul le résultat final compte. Les joueurs au maillot à carreaux ont presque tout réussi, il ne leur a manqué que le plus important : la précision devant le but. Deux styles de jeu s’affrontaient, avec pour seul point commun de vouloir faire mourir les spectateurs d'ennui. Ce en quoi les joueurs ont atteint leur objectif. (Lire l'article)

Scott Ross avec son chat, mais sans son poisson
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Poisson d’avril

À force de jouer des sonates de Scarlatti, on finit par être capable d'en écrire. Trois grands interprètes ont ainsi laissé de “vraies fausses” sonates : un Caprice à la Scarlatti du pianiste polonais (et Premier ministre en 1919) Ignace Paderewski, une superbe sonate por el señor Escarlate du claveciniste colombien Rafael Puyana... Scott Ross s'est quant à lui offert, lors de la diffusion de son intégrale Scarlatti sur France Musique, le 1er avril 1985, il y a 31 ans exactement, un poisson d'avril scarlattien : une magnifique sonate que l'auteur de ces lignes est allé pêcher dans les archives de l'INA, et qui dévoile un Scott Ross plus scarlattien que Scarlatti... (Lire l'article)

domenico scarlatti chroniques scarlattiennes
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Un musicien mécaniste

Le Scarlatti astronome n'est jamais évoqué en musicologie, pas davantage que le philosophe naturel ou l'amateur d'art. Or, l'énigme de la lentille de télescope rapportée par Scarlatti a trouvé sa solution dans les travaux d'une historienne d'art sur la collection d'estampes rassemblée par Jean V, et il est certain que notre musicien était au courant des derniers développements de la science dont les progrès étaient alors stupéfiants et passionnaient tout “honnête homme”. Comment douter que Scarlatti – dont les sonates sont des petits mécanismes musicaux ajustés comme des horloges de précision – se soit passionné pour la nouvelle science qui allait générer la révolution industrielle et profondément modifier nos modes de vie ? (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

L’hypoténuse est inéluctable

Le carré de l’hypoténuse / Est égal, si je ne m’abuse / À la somme des carrés / Des deux autres côtés... Certes, mais pourquoi est-ce pour ça et pas autrement ? En fait, cela n’a rien d’évident. On peut prouver le théorème de Pythagore, bien sûr, et de multiples manières. Mais démontrer un théorème, est-ce en soi suffisant pour comprendre pourquoi ça doit être comme ça et pas autrement ? Comprendre, c’est sentir de manière organique, charnelle, pourquoi les règles du jeu que nous avons inventées rendent inévitable le résultat. (Lire l'article)

Livres, Ordonnances littéraires

Martin Veyron, pour les obsédés du parpaing

Ce conseil est pour toi, le promoteur, l’homme pressé, l’obsédé du parpaing, de la bétonnière, de la brique alvéolaire. Lis, s’il te plaît, cette très belle BD de Martin Veyron, Ce qu’il faut de terre à l’homme (Dargaud), adaptée de la nouvelle de Léon Tolstoï, parue en 1886. Indémodable. Édifiante, crois-moi. “Si seulement j’avais plus de terre”, c’est le leitmotiv qui obsède, tout comme toi, Pacôme, ce paysan et père de famille. Nous sommes à la fin du XIXe siècle en Sibérie, et si la vie est un labeur harassant, elle lui sourit pourtant. Les efforts payent, la réussite et le gain le grisent, justifient trahisons et fuites en avant jusqu'à l'absurde. Plus dure sera la chute. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Aux quatre coins du temps

Un espace à trois dimensions est le premier dans lequel on puisse faire un nœud ou inventer la vis, ce qui n’est pas rien. Mais passons et dirigeons-nous vers l’espace à quatre dimensions. Là, il est impossible de ne pas parler en premier lieu du temps, la quatrième dimension par excellence, enfant chérie des auteurs de science-fiction. L’univers de la Relativité, le fameux espace-temps, est ainsi un monde à quatre dimensions – trois d’espace et une de temps. Ce monde est régi par une géométrie particulière... (Lire l'article)

Insultologie appliquée

Va te faire foutre

Voilà une injonction que l’on adresse rarement à son patron, sauf à avoir sa lettre de licenciement en main. À éviter aussi entre conjoints s'il reste un peu d'amour dans le foyer. Mais à lancer sans trop d’appréhension à la face des dirigeants politiques.
Le coin des traîtres, Traduction

Les maquilleurs de mots

Escroc, maquilleur d’autos, contrebandier, cambrioleur : le traducteur ouvre ce qu’on croit hermétiquement fermé, il crochète les langues et les cultures, il met en circulation. Il n’aime pas plus l’idée d’une œuvre achevée que le braqueur un coffre-fort. Son butin, il le refourgue ailleurs. Il prend, il donne, il fait profiter.