L’arbre à sang: traduire à l’oreille
Sur la scène des Plateaux Sauvages, trois actrices interprètent L'Arbre à sang, de l'auteur australien Angus Cerini, dans une mise en scène de Tommy Milliot. Entretien avec Dominique Hollier, l'une des trois comédiennes, mais aussi la traductrice de la pièce.
Warhol, année 2015
Andy Warhol… Le nom a beaucoup résonné en 2015. Il a surgi à Metz d’abord, au Centre Pompidou, avec l'exposition “Warhol Underground”, dans laquelle le Warhol peintre s’effaçait pour laisser passer sur le devant de la scène le Warhol de la Factory, celui qui créa et filma les “Superstars”, produisit le Velvet Underground, et scénographia pour eux les concerts-happenings du Exploding Plastic Inevitable. Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris propose jusqu'au 7 février 2016 “Warhol Unlimited”, une exposition plus sage mais tout aussi finement conçue. Le Warhol 2015 est un Warhol formidable, qui échappe aux réductions qui cantonnent son œuvre à une imagerie bien sentie. (Lire la suite)
Olivia Ruiz, la “Zizi” de Jean-Claude Gallotta
Dans Volver, leur nouvelle création révélée à la 17ème Biennale de la danse de Lyon, la chanteuse et le chorégraphe font bon ménage. Tout à la fois portrait de la chanteuse et faux biopic, la pièce évoque plus largement la question épineuse des migrants actuels et de leur accueil. Dans une chorégraphie aérée, mettant souvent en scène des couples comme des doubles du couple vedette, le spectacle n’est que rythme, envolées, tendresse. (Lire l'article)
Une autre vie
Supposons que la date et l’heure de la fin du monde soit connue et qu’il n’y ait plus rien d’autre à faire que de s’y préparer. Dès lors, la grande question serait : avec qui vais-je passer mes ultimes minutes ? Avec ma chère épouse ou mon cher époux ? Avec mes enfants, s'ils ne préfèrent une fête entre copains ? Avec mon chat, mon chien, mon poisson rouge, mon iPhone ? Avec personne, puisque dans le fond chacun vit seul et meurt seul ? Ou avec une ou un ami(e) ayant assez d’humour pour transformer ces derniers instants en vaste blague. Ce type d’individu ne court pas les rues. À quoi ressemble-t-il ? À Deborah Mitford, alias la duchesse de Devonshire ? À Richard Gere ? À Alain Robbe-Grillet ? Et Alain Barrière, dans tout ça ? (Lire l'article)
Marie Darrieussecq ou le slalom de l’insomniaque
« Je carbure aux barbituriques depuis près de trente ans. Je savoure les soporifiques, je...
Un poison nommé culture française
Les éditions Exils publient la traduction française d'un pamphlet espagnol datant de 1980. Où l'auteur tire à boulets rouges sur la culture française : “J'en suis arrivé peu à peu à la certitude que le pire malheur, parmi tous les malheurs qui ont affecté la culture européenne, est qu’un pays aussi peuplé que la France se soit trouvé presque exactement au centre du continent.” De Corneille à Sartre en passant par Voltaire ou Flaubert, aucune icône n'échappe au canardage, étayé par une citation de Schopenhauer : “De même que l’Asie a les tigres, l’Afrique les singes, nous autres, en Europe, nous avons les Français.” Qui aime bien châtie bien ? (Lire la suite)
The Naked Director
Pop objets par excellence, les séries s'emparent de la représentation des sexualités et des corps, thématiques ô combien contemporaines. Retour sur cinq propositions aux angles variés. Et pour commencer : The Naked Director.
13 – L’art et la manière
D’une série, on connaît souvent les acteurs et les créateurs, plus rarement les réalisateurs, et jamais le directeur artistique. Or cette dernière fonction est essentielle. L’esthétique d’une série ne se résume pas aux décors et aux costumes, c’est une question d’atmosphère globale, chose impalpable qui impressionne la rétine à chaque plan.
El Farru, pile et face
Le festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan attire des amateurs du monde entier et réserve de drôles de surprises. Ce fut le cas avec ces deux prestations d’El Farru. Côté pile, Flamenconcierto : spectacle de son cru, super show bling-bling où ne manquait qu’un feu d’artifice final. Côté face, le spectacle &dentidades de Pastora Galván, où il a rendu un hommage à son grand-père El Farruco, complètement habité par son fantôme. (Lire la suite)
Tyler devient hardeur
Il fera à son corps tout ce qu'on lui demande. C'est le paysan perverti par lui-même, et qui se présente comme tel sur sa page : “Je suis d'Alabama, j'ai donc ce charme particulier dont vous avez tous entendu parler et j'aime m'exhiber comme vous pouvez le voir ici !” Celui qui se présente sur XTube comme Tyler Camp (pseudo 1bamaboy19) a un tel accent sudiste qu'on ne comprend à peu près rien à ce qu'il raconte. Et il parle beaucoup, tout en se masturbant, la plupart du temps, et en éjaculant à la fin : le garçon n'est pas avare. Il pratique le plan-séquence, ses films durent 20 ou 40 minutes, montage interdit, Bazin se serait joui dessus de bonheur esthétique. (Lire la suite)
Alice
C'était il y trente ans, Alice, tu étais en haut de la pile. Une pile de tirages photographiques un peu jaunis, une pile d'images sans attrait, un lot de brocante que l'homme vulgaire avait posé là au milieu de couverts, d'assiettes et de bibelots. Trente ans, j'ai oublié où était cette brocante, peut-être à la Bastille, peut-être à la campagne. Mais Alice tu es maintenant sur mon mur. Au-dessus de la pile tu ne pouvais rester, à la merci de celui qui pouvait spéculer, rêver faire un bon coup en te fauchant, pour 5 francs. C'est ce que l'homme vulgaire demandait pour me confier que ta photographie sortait des archives de la police belge. (Lire l'article)
R.I.P. Tom Petty, humblement vôtre
1979 : lorsque l'album Damn the Torpedoes sort en France, Tom Petty, rocker sudiste américain, est encore un illustre inconnu dans les bacs des disquaires de l'époque. 2017 : Petty, 66 ans, fêtait son quarantième anniversaire de carrière et venait de terminer une tournée marathon de 53 dates en moins de six mois. Victime d'une crise cardiaque, il s'est éteint à l'hôpital de Santa Monica en Californie. Keep on rocking Tom ! (Lire l'article)
Jérôme Bosch à la loupe
Les éditions Hazan republient, en version “compacte”, l’ouvrage de l’historien de l’art Till-Holger Borchert consacré au peintre qui a transformé “la terre en antichambre de l’enfer”.
Ray Davies, un Kinks de retour
Americana était déjà le titre de son livre autobiographique publié en 2014. C'est aujourd'hui aussi le titre du dernier album solo du leader des Kinks, ce groupe britannique légendaire des années 60. A 73 ans, Ray Davies, n'a rien perdu de sa voix qui redevient vite familière dès qu'il entonne Americana, son ode à la mythique Amérique de sa jeunesse, véritable muse des compositions des Kinks. (Lire l'article)
Rouge, deux fois
« Que les balles crépitent dans les musées ! » Dixit Maïakovski. Ce n’est pas vraiment l’ambiance au Grand Palais, même s’il faut longer les Champs Elysées, un peu calcinés, un peu bunkérisés, pour arriver devant les premières images qui attendent le visiteur : la prise du Palais. D’Hiver, s’entend, et filmé en 1928 par Eiseinstein. Mais ça crépite, et Maïakovski est bien là, qui déploya une folle énergie pendant ces quelques années de liberté créatrice où s’inventèrent l’agit-prop, et l’agitatsia, le design industriel et quotidien (presqu’au même moment que le Bauhaus), le suprématisme, le constructivisme, le théâtre moderne, de folles architectures. (Lire la suite)
Deadpool, ou l’esthétique du bluff
Dans le nouvel Olympe marketté par Hollywood, Deadpool, énième comics passé sur grand écran, incarne le sale gosse de la famille mutante. À savoir, sous sa combinaison noire et rouge, un tueur à gages amoral et roublard, avec un visage de zombie, une puissance de surhomme et un don d’immortel. Mais son vrai super pouvoir, c'est le super second degré. Dès l’ouverture se déploient tous les vertiges de l’ironie et de la mise en abyme : voix off gouailleuse et regard caméra complice, gags parodiques. Dans ce kaléidoscope de clins d’œil et de reflets à l’infini, que reste-t-il du réel ? Rien, ou si peu. Fini le temps où des super héros sombres ou fragiles portaient doutes et traumas de l’après 11 septembre : nous voici revenus à l’ère du clinquant et du chiqué. (Lire l'article)
Les bonnes idées de Federico León
À quoi rêve un ordinateur ? C'est une des questions que se pose Federico León dans Las Ideas. L'ordinateur est conçu comme une machine à remonter le temps, une galerie des glaces où les deux protagonistes se regardent se regardant se regarder, et ainsi de suite. Un spectacle sur cette tendance à tout archiver dans l'instant, sur la croissance folle d'une mémoire qui envahit le présent, comme si la vie n'existait plus qu'à travers les preuves qu'on en garde. (Lire la suite)
Fabcaro, pour Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières, et ses sympathisants
M. Boris Ravignon, premier édile carolomacérien et disciple sarkozien, n’est pas content car le gouvernement lui a demandé d'accueillir cinquante migrants dans sa ville. Qu'il lise donc de toute urgence le “road-movie” graphique à large spectre de Fabcaro : Zaï Zaï Zaï Zaï. Le postulat de ce chef-d’œuvre en 35 pages bichromatiques pourrait sembler absurde, même à nos patients : un dessinateur de bande dessinée oublie un jour sa carte de fidélité de supermarché, doit en conséquence fuir, devient l’ennemi public numéro 1 et déclenche l’implacable mécanisme politique, social et médiatique qui nous est depuis trop longtemps déjà si familier. (Lire l'article)