La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
Marcel jouant une sonate à une petite fille que cela fait bien rigoler.
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Chauffe Marcel

L'unique mention de Scarlatti dans La Recherche se trouve dans le récit d'une partie de musique (Sodome et Gomorrhe), où le pianiste joue quelques morceaux à la demande des invités : Mme de Cambremer “venait de découvrir un cahier de Scarlatti et elle s'était jetée dessus avec une impulsion d'hystérique. [...] Et pourtant de cet auteur longtemps dédaigné, promu depuis peu aux plus grands honneurs, ce qu'elle élisait, dans son impatience fébrile, c'était un de ces morceaux qui vous ont si souvent empêché de dormir et qu'une élève sans pitié recommence indéfiniment à l'étage contigu au vôtre.” Proust serait-il passé à côté de Scarlatti ? Au fond, ce n'est pas lorsque Proust évoque Scarlatti qu'il est le plus scarlattien. (Lire l'article)

Monsieur X, écrit et mis en scène par Mathilda May, avec Pierre Richard © Pauline Maillet
Théâtre

Grand blond avec pantomime

Au Théâtre de l'Atelier à Paris, Pierre Richard interprète Monsieur X, un vieux peintre montmartrois. Un spectacle sans parole et sur un fil, ponctué de gags sonores et de surprises visuelles sur fond de poésie surréaliste. Léger mais non sans charme.
Si elle s'amuse, comme la plupart de ses consœurs, à dévoiler ce que la société demande aux femmes d'occulter (elles pètent, rotent, font des commentaires sur le “boule” des mecs), Miss Serbia est une des rares sur Vine qui s'amuse à imiter les garçons. Un article d'Eric Loret dans délibéré
Courrier du corps

Miss Serbia, à miroir de rire

Si elle s'amuse, comme la plupart de ses consœurs, à dévoiler ce que la société demande aux femmes d'occulter (elles pètent, rotent, font des commentaires sur le “boule” des mecs), Miss Serbia est une des rares sur Vine qui s'amuse à imiter les garçons. Et le fait de pouvoir tout imiter, de modifier son regard, sa moue, etc. à volonté, semble lui prouver la plasticité de l'identité humaine. Le rire vient toujours ici d'un décollement critique : quand on s'aperçoit que ce qu'on croyait naturel, inévitable, est en réalité partiellement fabriqué. Miss Serbia adore du coup analyser le désir, la jalousie, le dégoût, et leurs contradictions. (Lire la suite)

Tex Avery, The Counterfait Cat
Chroniques avéryennes, Écrans

The Counterfeit Cat

Ce n'est pas le nonsense surréaliste qui fait rire chez Avery, c'est la logique imparable qui se cache derrière. The Counterfeit Cat est sans doute le plus bel exemple de sémiophysique avéryenne, et d'une complexité logique parfaitement maîtrisée. 
La promenade dans les Calanques, série Les Dimanches, 1997, collection particulière © Véronique Ellena, 2018
Arts plastiques, Expo, Photographie

Véronique Ellena, pose et vertige

L’œuvre de Véronique Ellena possède une étrange capacité à ouvrir au spectateur un espace mental peu exploré. Les scènes du quotidien qu’elle photographie sont pour la plupart « posées ». Leurs protagonistes se prêtent au jeu, se montrent dans des postures figées qui pourraient être emblématiques (d’un geste usuel, d’une action à réaliser…), mais sont bien plus que cela : des arrêts sur image qui échappent au quotidien pour devenir improbables, fruit d’un équilibre subtil entre le concret et la figuration d’une réalité qui, du coup, échappe. (Lire l'article)

John Ironmonger, Sans oublier la baleine, traduit de l’anglais par Christine Barbaste, Stock, 2016, coll. La Cosmopolite. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Ordonnance pour les naufragés

Un homme se réveille nu, naufragé sur une plage. “Que lui était-il arrivé ? Une semaine plus tôt à peine (une semaine ! était-ce seulement possible ?), il rectifiait son nœud de cravate et présentait devant son équipe un plan d’action qui n’omettait aucune éventualité, dans lequel chaque risque avait été pallié, chaque heure prise en compte. Et maintenant ?”. Dans Sans oublier la baleine (traduit par Christine Barbaste, Stock, 2016), John Ironmonger raconte l'histoire d'un naufrage. D'où il ressort que si le pire est sûr, les conséquences ne sont pas toujours celles que l'on croit. Le récit prémonitoire de ce qui attend François Hollande l'année prochaine ? À lire dès maintenant, ou à garder sous la main pour 2017, dans votre kit d’urgence anti-gueule de bois.
(Lire l'article)

Vino sospeso (Matali Crasset). Verre de dégustation à l’extérieur pour des vins en biodynamie réalisé par les apprentis du CIAV de Meisenthal pour l’exposition “Renversant” à la cité du Vin de Bordeaux. Photo © Pascal Boudet
Design, Expo

Bordeaux… ô verre, suspends ton vol !

À la Cité du vin de Bordeaux, bâtiment élevé à la gloire des vins du monde entier, l'exposition "Renversant" est une présentation de verres contemporains, bouteilles, carafes... au carrefour du design et de l'art. La designer Matali Crasset y a été invitée pour créer un nouvel objet pour la dégustation, Vino sospeso (Vin suspendu). Elle démontre là, une fois de plus, sa manière de regarder nos usages familiers avec un autre œil et d'autres doigts. (Lire l'article)

La honte. Réflexions sur la littérature, de Jean-Pierre Martin, Gallimard, Folio essais, 2017
Livres, Ordonnances littéraires, présidentielle 2017

Jean-Pierre Martin pour Pauline Camille

La honte est, selon Jean-Pierre Martin, l’un des grands ressorts de la littérature. À l’heure où les Américains se jettent sur 1984 de Georges Orwell pour essayer de cerner au mieux les agissements de leur président et ses fameux “faits alternatifs” ; à l’heure où en France la saga Fillon compte plus de rebondissements et de révélations dantesques que la plus audacieuse des séries américaines ; à l’heure, donc, où la réalité semble avoir clairement dépassé la fiction, il est plus que jamais nécessaire de chercher dans la littérature ce que la réalité veut dire. (Lire l'article)

Livres, Ordonnances littéraires

Horoscope littéraire de la rentrée

En cette rentrée 2018, la revue délibéré et le service de médecine littéraire qu’elle héberge ont décidé de fournir aux lecteurs exigeants un horoscope digne de ce nom, un horoscope littéraire pour commencer d’un pied serein et assuré l’année, des livres plein les poches. Douze signes astrologiques, douze livres recommandés, tous choisis au sein de la pléthorique rentrée littéraire 2018. Car il ne s’agit pas de lire n’importe quoi, il s’agit de lire ce qui vous convient : le capricorne n’a pas les mêmes besoins de lecture que le lion, le sagittaire que la balance, cela tombe sous le sens mais cela, trop souvent, on l'oublie. (Lire l'horoscope complet)

Aristote à Hollywood. Une chronique avéryenne de Nicolas Witkowski
Chroniques avéryennes, Écrans

Aristote à Hollywood (1)

Les superstitions et les théories loufoques étant un grand ressort du comique avéryen, on a vu Tex Avery faire ses courses au XVIIe siècle (coyotes suspendus et homoncules) et même au Xe (regard télescopique) ; son voyage au supermarché de l'histoire des idées obsolètes ne s'est cependant pas arrêté là, le rayon “philosophes de l'Antiquité” l'ayant particulièrement fasciné. Plus une idée est ancienne, plus grand est son pouvoir comique potentiel. Aristote, avec son étrange (méta)physique dont il n'a pas été facile de démontrer la fausseté, et sa conception très personnelle de la causalité, est spécialement précieux. (Lire l'article)

Le genre idéal, Livres

Y croire et foncer !

Bibliothèque à vendre. Pas de place. Plus d’argent pour les fêtes et les assurances à payer qui arrivent en même temps que les vœux de bonheur et de prospérité. Les caisses de livres remontent de la cave, rejoignent celles du grenier dans le salon. Restent sur les rayonnages vides des traces légères d’absence, des fantômes délicats d’histoires sur le bois. Il faut d’abord payer le loyer. Et puis tomber sur un livre : Le Vautour de Gil Scott-Heron. (Lire l'article)

Arts froids, Sciences

Fritz Zwicky (1898-1974)

Matière noire, étoiles à neutrons, supernovae... l'astrophysicien Fritz Zwicky (1898-1974) a tout imaginé et découvert avant tout le monde. Et changé notre façon de voir l'univers. Personnalité fantasque, il était aussi la terreur de ses étudiants et de ses collègues...

Brest, 1982 © Gilles Walusinski
Brest 1982-1992, Photographie

Brest, 1982 : la ville, les pauvres, le port (3)

Cette année-là, à Brest, il avait fait chaud. Une fin de semaine que d'aucuns nommeraient week-end, j'avais comme quartier libre; j'avais décidé d'aller voir les plages alentour, le port et les activités qui pouvaient s'y attarder. Flâner dans Pontanézen, retourner vers les cités qu'on disait de transit, insérées dans les cités d'HLM hâtivement construites dans les années 1960.

Rafael Chirbes, Sur le rivage, traduit de l'espagnol par Denise Laroutis, éditions Rivage, 2015
Livres

Rafael Chirbes, la belle écriture

L’écrivain espagnol Rafael Chirbes est mort. Denise Laroutis, sa traductrice en français, revient sur son œuvre, ses livres qui sont des fleuves de mémoire, de savoir, de raffinement. Atteindre à l’émotion par la précision, l’exactitude, jusqu’à la surprise du détail qui vous sabre. Faire le récit de ce qui se passe, narrer son temps, le faire surgir d’un texte-corps, souvent massif. Assumer la complexité de la vie sans feintes, sans effets, mais en soulevant chaque pierre pour observer ce qu’elle cache. Aucune économie, une efflorescence d’écriture, une abondance nécessaire. Son labeur, toute sa vie : celui d’un façonneur du réel ; le résultat : une œuvre d’art, majeure, dans les hauteurs. (Lire la suite)

musée rodin paris architecture
Architecture, Arts plastiques, Expo

Rodin, une rénovation bien pensée

Rénové, l’hôtel Biron qui abrite le musée Rodin depuis 1919 est entièrement rouvert depuis le 12 novembre. Cette restauration, aux contraintes très pesantes, a été menée avec subtilité par les architectes Richard Duplat et Dominique Brard. Entre restitution du passé XVIIIe et palette contemporaine de couleurs et de lumière, cette réinvention du bâtiment regarde autrement l’œuvre du célèbre artiste collectionneur. Le charme du lieu, revivifié, éclaire la recherche permanente de Rodin, débouchant à la fin de sa vie sur l’épure de la modernité. (Lire la suite)