La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Livres, Ordonnances littéraires, présidentielle 2017

Cyrano de Bergerac pour nos responsables politiques au verbe bas

L’insulte en politique est une arme banale mais redoutable. La manier avec habileté et brio permet dans bien des cas de prendre l’avantage, de pousser l’adversaire à la faute, de porter l’estocade. Chères et chers compatriotes, n’allons pas jusqu’à exiger l’usage de l’alexandrin dans le débat politique, mais demandons au moins à nos candidats un peu d'agilité verbale. Un peu d’esprit (cyranesque), aussi. (Lire l'article)

Cinéma, Écrans

Pablo de cinq à sept

En salle, le sixième et le septième longs-métrages du Chilien Pablo Larraín : Neruda et Jackie sont des films jumeaux, nés de regards nouveaux et audacieux sur deux figures célèbres – et peut-être mineures – de la guerre froide. Deux reconstitutions historiques suscitant des émotions contraires : alors que la fuite du poète et sénateur communiste chilien déçoit rapidement, l'intensité de l'entrée en veuvage de l'ex-first lady américaine émeut et fascine durablement. (Lire l'article)

Drago Jancar, Des bruits dans la tête, traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye, Éditions Passage du Nord Ouest et Libretto, 2015
Le genre idéal, Livres

Murs

Des bruits dans la tête, de Drago Jancar. L’histoire d’une prison. L’allégorie de la servitude. Un homme qui se révolte, d’autres qui ne veulent que suivre ou profiter en oubliant que, si la richesse de l’autre lui est ôtée – liberté, rêves, famille, maison, argent – jamais elle ne sera partagée. La puissance de l’ordre partout. Vies, rêves et poumons piétinés dans le sable. Et pourtant. Toujours, l’homme revient. L’absence de perspectives communes dit-on ? Idée fausse ! Cette défaite supposée est une chimère à repousser comme une araignée noire. (Lire l'article)

Danse

Anne Nguyen, hip hip hop hourra !

Au Théâtre National de Chaillot, avec la complicité de vingt-sept danseurs et d'un vidéaste, Anne Nguyen propose à tous les spectateurs volontaires de devenir danseurs hip hop. Performances cataloguées “pour la jeunesse”, peur de (mal) danser : les réticences éventuelles avant de pénétrer dans la salle Maurice Béjart sont vite envolées. Le parcours très ludique et participatif permet de mieux saisir ce qui motive le danseur hip hop, tout en se faisant très plaisir. Avec, pour finir, le jam, une rencontre avec les danseurs grâce à un casque de réalité virtuelle pour une immersion à 360° parmi eux. (Lire l'article)

Marcel jouant une sonate à une petite fille que cela fait bien rigoler.
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Chauffe Marcel

L'unique mention de Scarlatti dans La Recherche se trouve dans le récit d'une partie de musique (Sodome et Gomorrhe), où le pianiste joue quelques morceaux à la demande des invités : Mme de Cambremer “venait de découvrir un cahier de Scarlatti et elle s'était jetée dessus avec une impulsion d'hystérique. [...] Et pourtant de cet auteur longtemps dédaigné, promu depuis peu aux plus grands honneurs, ce qu'elle élisait, dans son impatience fébrile, c'était un de ces morceaux qui vous ont si souvent empêché de dormir et qu'une élève sans pitié recommence indéfiniment à l'étage contigu au vôtre.” Proust serait-il passé à côté de Scarlatti ? Au fond, ce n'est pas lorsque Proust évoque Scarlatti qu'il est le plus scarlattien. (Lire l'article)

Danse

Dimitris Papaioannou, rolling stone

On l’avait raté au Théâtre de la Ville en octobre 2015, on s’est précipité à Montpellier Danse pour redécouvrir avec bonheur le Grec Dimitris Panaioannou. On avait gardé un souvenir clair de sa mise en scène, en images et en danse de sa Medea en 1998 à la Biennale de la Danse de Lyon, laquelle s’ébattait dans une pataugeoire. Car, ce n’est pas la première fois qu’il vient en France, même si on voudrait le voir plus souvent. L’occasion se présentant, on l’a retrouvé avec une autre figure de la mythologie grecque : Sisyphe. Still Life (Nature morte) est une allégorie de la Grèce, du peuple grec qui reconstruit sur les ruines, les désastres économiques. (Lire l'article)

Arnold Turboust, Les Envahisseurs
Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

Les Envahisseurs

Il y a tout juste cinquante ans, le réseau américain ABC achevait la diffusion de The Invaders, alias Les Envahisseurs. La série n’a connu que deux saisons mais elle a durablement marqué les esprits, tout particulièrement en France. Souvenez-vous de l’accroche : "Les envahisseurs : ces êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva…". Que jamais il ne trouva : cet usage du passé simple annonçait à lui seul de l’exceptionnel. (Lire l'article)

Rachid Ouramdane, CCN2 - Centre chorégraphique national de Grenoble, “Franchir la nuit”. Photo © Patrick Imbert
Danse

Rachid Ouramdane contre vents et marées

Pour aborder la question brûlante et désolante des migrants et plus largement des laissés pour compte, des cahotés par la vie, Rachid Ouramdane et les cinq magiques danseurs de sa compagnie ont travaillé avec vingt enfants de l’école Le Verderet de Grenoble et treize mineurs isolés, migrants d’Afrique et d’Europe accueillis par le département de l’Isère. Le spectacle est aussi simple que la présence d’un enfant se tenant seul en scène hagard mais plus jamais seul. Les danseurs transportent les corps. Rachid Ouramdane berce la peine. (Lire l'article)

London 1976 - Photo Gilles Walusinski
Londres 1976, Photographie

Londres, août 1976

Chaque année à Londres, à la fin du mois d'août, se déroule le carnaval de Notting Hill. En 1976, le photographe Gilles Walusinski y était. Le 30 août, des émeutes éclatent, inspirant aux Clash un single et un album :White Riot. L'occasion de revenir sur l'histoire de ce carnaval.
Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

La grève

Contre la fin du monde, la grève ! Lycéens, étudiants, profs, chercheurs, travailleuses, travailleurs, ils feront tous grève le 15 mars pour le climat, contre le changement climatique. Pour que la Normandie ne ressemble pas à la Côte d'Azur (il reste un peu de marge), pour que février ne ressemble pas au mois d'août (c'est foutu), pour que Dunkerque ne se convertisse pas à la culture de l'ananas et Stockholm à celle de la vigne. On se prend naturellement à rêver d'une grève générale, mondiale, illimitée qui paralyserait les transports, les usines, les centrales, les open spaces et leurs scintillants écrans... (Lire la suite)

Sara Stridsberg, La faculté des rêves, Stock, coll. La Cosmopolite, 2010
Livres, Ordonnances littéraires

Une femme de rêve

Ordonnance pour un passager anonyme croisé au hasard d’un trajet en métro. Paris, matin d'automne, station Mairie des Lilas. Les regards sont happés par un point blanc qui roule d'avant en arrière, un petit cylindre brillant sous la lumière artificielle et borgne. Roulis métropolitain. Un homme âgé replie le journal pour suivre les mouvements de cet électron libre matutinal. Presque amusé. Et puis, tout à coup, son regard se détourne de l'Objet Roulant Non Identifié et reprend la lecture du quotidien. Qu’a-t-il vu ? Un tampon ! Dans mon esprit, cela n’a fait ni une ni deux. Tampon, femme, vie en rose… la couverture rose de La Faculté des rêves s’impose. Rose comme de la chick lit girly. Mais dans La Faculté des rêves de Sara Stridsberg, pas de romance. Mais du roman, du vrai ! (Lire la suite)

John Ironmonger, Sans oublier la baleine, traduit de l’anglais par Christine Barbaste, Stock, 2016, coll. La Cosmopolite. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Ordonnance pour les naufragés

Un homme se réveille nu, naufragé sur une plage. “Que lui était-il arrivé ? Une semaine plus tôt à peine (une semaine ! était-ce seulement possible ?), il rectifiait son nœud de cravate et présentait devant son équipe un plan d’action qui n’omettait aucune éventualité, dans lequel chaque risque avait été pallié, chaque heure prise en compte. Et maintenant ?”. Dans Sans oublier la baleine (traduit par Christine Barbaste, Stock, 2016), John Ironmonger raconte l'histoire d'un naufrage. D'où il ressort que si le pire est sûr, les conséquences ne sont pas toujours celles que l'on croit. Le récit prémonitoire de ce qui attend François Hollande l'année prochaine ? À lire dès maintenant, ou à garder sous la main pour 2017, dans votre kit d’urgence anti-gueule de bois.
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Cinéma, Écrans

Relais 4×400 m messieurs

Plaire, aimer et courir vite, le film de Christophe Honoré montre le relais que se passent trois hommes de générations différentes. Leur course est pleine d'obstacles : nous sommes dans les années 1990 et le SIDA fait des ravages.
Musiques

The Tree of Forgiveness

En avril 2018, à 71 ans, John Prine sort son 24e album, The Tree of Forgiveness, un peu sous le manteau. Treize ans qu'il n'avait rien produit. Résultat bluffant. “J'espère qu'on ne va pas se rendre compte que c'est la dernière fois qu'on se dit au revoir.”
Aucune idée de Christoph Marthaler © J
Théâtre

Dingo moderato

Dans Aucune idée, le spectacle de Christoph Marthaler qui sera joué à Lausanne après avoir été présenté à Paris, ils ne sont que deux acteurs (plus des voix enregistrées). La dinguerie clownesque est là. La musique, la douceur et le cafard aussi.