La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Critiques
Maguy Marin, l'urgence d'agir. Un film de David Mambouch.
Cinéma, Danse, Écrans

Maguy Marin ou l’urgence

Œuvre d’amour, d’admiration, Maguy Marin : l'urgence d'agir, le film de David Mambouch sur sa mère chorégraphe n’a rien de convenu. Le réalisateur travaille l’épaisseur et la densité du vécu, sait laisser parler, prend lui-même la parole. Et l’on sent qu’il y a, de son côté, une exploration des origines, que le ballet May B, conçu par Maguy Marin alors qu’elle était enceinte de lui, est pour lui un second ventre maternel. 
Tisser les racines, détail © Ana Maria Lozano
Arts plastiques, Expo

Figures du continu, Ana Maria Lozano – Les Voyageurs, épisode 3

L’installation de Ana Maria Lozano Rivera, présente aux Beaux-Arts pour l’exposition Les Voyageurs, est de celles qui met en échec le principe du face-à-face muséal. Elle n’est pas un objet proposé au regard, mais un intérieur que l’on investit. Située dans l’entrée du Palais des Beaux-arts, Tisser les racines est une pièce à trois murs, un refuge, un pli fait dans la trame de l’exposition avant même qu’elle ne se déploie. (Lire la suite)

Man Ray, Le Cadeau, réplique de l’original disparu, 1921
Arts plastiques, Bansky vs Marcel

Banksy vs Marcel : un siècle de retard sur l’art en morceaux (3)

Depuis les expériences duchampiennes très élaborées et les complicités du hasard auxquelles l’artiste savait rendre grâce, la problématique artistique de la machine et du débris – ou celle de la machine et du débris artistiques – a ensuite régulièrement trouvé des exploitants plus catégoriques. Le pop art, dans ses variantes britanniques, françaises, américaines ou japonaises, investit résolument l’univers béant des vitrines, de la publicité, des cartoons et comics, pour enchaîner des productions assumant l’empiètement de la marchandise sur l’œuvre d’art et réciproquement. (Lire l'article)

Weaver Quintet / Alexandre Roccoli © Romain Etienne / item
Danse

Alexandre Roccoli, de fil en fil

Le Weaver Quintet présenté récemment dans le Mois de la Danse aux Subsistances de Lyon, où Alexandre Roccoli a bénéficié d’une résidence et d’une production pour l’année 2016-2017, est tout autant une toile d’araignée qui emprisonne qu’une libération des corps par la transe. (Lire l'article)

Judith et Holopherne par Louis Finson d’après Caravage
Arts plastiques, Caravage

Cent experts pour un marchand et une oreille de faussaire (2)

Bien que son œuvre fasse grand bruit dans le milieu, le maître faussaire demeure invisible et méconnu. L’occultation de son existence, en effet, est la condition du couronnement. Aussi performant soit-il, ce créateur ne peut jamais recueillir les applaudissements auxquels donne lieu le succès de son travail. Pour cette raison sans doute, comme plusieurs exemples en attestent, il est parfois tenté de fomenter une petite énigme permettant d’atténuer la frustration inhérente à sa condition de faussaire. De ce point de vue, l'auteur du Judith et Holopherne découvert à Toulouse et attribué au Caravage est bien un maître... (Lire l'article)

Sonia Delaunay, Trois femmes, formes, couleurs, 1925. Musée Thyssen Bornemisa, Madrid
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Le style et la structure

Avec Scarlatti, les musicologues disposent d'un cas d'école : ce Napolitain vivant à Lisbonne puis à Madrid n'a cessé de mélanger les styles — italien et espagnol, mais aussi les goûts français et allemand — comme il a joyeusement mélangé les motifs musicaux de ses sonates. Démêler les styles et les structures imbriqués dans les sonates est le secret du bonheur scarlattien, mais l'éducation musicale, par tradition, ne met l'accent que sur le style. C'est dommage, car c'est réducteur. Prenez par exemple un prestigieux pianiste, chef d'orchestre et grand scarlattien, Christian Zacharias. Prenez ensuite une sonate au hasard, la 193 par exemple, et demandez-lui ce qu'il entend. (Lire l'article)

Danse

Tempête de danse sur Brest

Le festival DañsFabrik qui s’est achevé le 4 mars à Brest et qui était en partie consacré au Chili a confirmé ou révélé de fortes personnalités qui respirent à fond et regardent le public droit dans les yeux pour capter, capturer le monde. L’œil, la bouche et le reste, du chorégraphe brésilien Volmir Cordeiro, est de cette trempe. (Lire l'article)

Design, Expo

Le Madd

Sous l'impulsion de la directrice Constance Rubini, le Madd (Musée des arts décoratifs et de design de Bordeaux), pourrait bien devenir un lieu privilégié très cohérent pour le design.
Dario Fo
Théâtre

Ainsi fit Dario Fo

Lui et sa compagne Franca Rame, morte il y a trois ans , adoraient se lancer des piques à l'insu du public quand ils étaient ensemble sur scène. “Tu es sûre que tu as fermé le gaz?” lui glissait-il à l'oreille. “Tu as encore la braguette ouverte”, lui répondait-elle. Irréductible à la solennité, Dario Fo détestait les acteurs et les metteurs en scène qui se prennent au sérieux. “Ce n'est pas grave, ce n'est que du théâtre”, répétait-il.

Architecture

L’aura de Goutelas

Dans les années 1960, une extraordinaire aventure bénévole a permis de rénover ce château Renaissance en ruines. Devenu Centre culturel en pays rural du Forez, il continue sa mission de rencontres et de culture, d'abris de fortune en expositions autour des savoir-faire locaux. Àl'ombre de légendes passées – le roman L'Astrée ou une symphonie de Duke Ellington. Et à l'orée d'un nouvel élan à retrouver, dans l'esprit humaniste de Goutelas. (Lire l'article)

Cinéma, Écrans, Livres

Dovlatov, la revanche d’un invisible

Jamais publié en Union soviétique de son vivant, exilé à New York où il est mort en 1989, l'écrivain russe Sergueï Dovlatov a connu une scoumoune éditoriale hors pair. On peut dire que, depuis, le monde se rattrape. Succès durable en Russie, thèses sur son œuvre aux États-Unis, texte adapté au théâtre par Peter Stein, festival Dovlatov, prix Dovlatov, statue de Dovlatov dans la rue de Saint-Pétersbourg où il vécut et, cette année, un film d’Alexeï Guerman Jr couronné à Berlin, vendu dans trente pays et à Netflix. Qui pourtant ne raconte qu’une semaine assez morne dans la vie de Dovlatov, géant au regard velouté, héros bartlebyen. (Lire l'article)

Aristote à Hollywood (2) ou Tex Avery par Nicolas Witkowski
Chroniques avéryennes, Écrans

Aristote à Hollywood (2)

Aux causes finales, explications commodes mais illusoires, Aristote adjoignait les causes “formelles”, celles qui sont censées expliquer la forme des choses, vivantes ou inanimées. Et c'est sans doute la partie de sa philosophie qui a le plus mal vieilli, puisque la forme, dans le cadre de la science moderne, s'explique entièrement par les propriétés de la matière, guidées par une éventuelle “information”, matérielle elle aussi. Pour les créatures vivantes, cette information est d'ordre génétique et codée chimiquement dans leur ADN. La forme d'Aristote, elle, était une “essence”, une “idée” venant d'un mystérieux monde extérieur pour informer la matière brute. Tex Avery, bien sûr, se saisit de cette notion surprenante. (Lire l'article)

Le Gouffre aux Séries, Séries

8 – Professionnels de la profession

Certaines professions sont surreprésentées dans les séries: avocat, médecin, homme et femme politique et bien sûr policier (on croise aussi moult tueurs en série mais cette occupation peut difficilement passer pour un métier). Ces professionnels ont en commun de côtoyer beaucoup de monde, de passer sans cesse d’une affaire à l’autre et d’être aux prises avec une large palette des maux de la société.

Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

Une Belle Histoire

Au printemps 2017, Stephen Hawking déclarait à la BBC que les humains, s'ils voulaient survivre, devaient quitter la Terre d'ici 100 ans afin de coloniser une autre planète. En cause : une éventuelle guerre nucléaire, le changement climatique, une épidémie virale et/ou les progrès incontrôlables de l'intelligence artificielle. Un an plus tard, le célèbre physicien quittait lui-même la Terre, pas pour la planète Zorglub mais pour une tombe à l'abbaye de Westminster, aux côtés de celles de Newton et de Darwin. Ses cendres reposent désormais sous une pierre engravée de la formule T= hc³/ 8πGMk. C’est l'équation dite de Bekenstein-Hawking qui décrit l'entropie des trous noirs, en d’autres termes (très simplifiés) la quantité d'information qu'ils renferment. Et si cette inscription, choisie par le savant lui-même, était un ultime message ? (Lire la suite)