Désirée et Alain Frappier publient le troisième volume de leur histoire du Chili, période Allende. Après Là où se termine la terre suivi de Le temps des humbles, Et que se taisent les vagues clôt dix années d’enquête et d’un minutieux travail de reconstitution d’une époque de luttes et d’espoir. L’ensemble compose une fresque dont la force est de se fonder sur des subjectivités engagées dans l’action. Livrés par les voix différentes de témoins, ces récits polyphoniques accueillent l’Histoire comme un bouleversement de l’intimité de ceux et celles dont elle oriente le destin. Les activistes du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) et de l’UP (Unité populaire), les résistants au coup d’état en préparation, ceux et celles qui s’engagent, au prix de leur vie parfois, sont de jeunes gens qui ne reculent pas devant les menaces, ne cèdent rien à leur combat pour la justice et l’égalité, pour qu’advienne un nouveau monde. Le scénario et les dialogues écrits par Désirée Frappier résonnent avec justesse dans les moindres inflexions des événements comme des voix. Les textes sont partie intégrante des images d’Alain Frappier, qui dessine au plus près de la vérité des êtres comme des choses et des paysages. Cette trilogie chilienne restera en tant qu’oeuvre marquante du roman graphique mais aussi comme un ouvrage de référence sur l’histoire du Chili et sur celle du libéralisme mondial.

Alain Frappier dédicaçant Et que se taisent les vagues. Montreuil, novembre 2024. © Gilles Walusinski
0 commentaires