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Chlomo est un bon rabbin : le titre du roman l’annonce d’emblée, et le récit qui suit le répète à l’envie, refrain qui donne au texte des allures de comptine malicieuse. Un beau jour, un tueur à gages débarque dans sa synagogue. « Un tueur à gages fatigué, suicidaire apparemment » : « Il tue des gens contre de l’argent. Depuis des années. Il n’a toujours fait que ça. Et il n’en peut plus. Il explique cela sans aucune torsion du visage, comme s’il expliquait qu’il n’en peut plus d’exercer dans la boulangerie ou les assurance. Il n’en peut plus de tuer ». Alors Chlomo, toujours « à l’écoute de Dieu et des hommes, à leur service, va chercher une solution. Et, au bout du compte, va proposer au tueur de le soulager dans son travail : « Il demanda la permission à Dieu, solennellement, arguant de la sincérité de sa démarche. Dieu ne manifesta aucune objection ». Manuel Benguigui déroule ici, avec la délicatesse qui est toujours la sienne, une histoire aux allures de fable qui pose, mine de rien, la question du bien et du mal, en un conte à la fois moderne et désuet.
Nathalie Peyrebonne
Guide
Un bon rabbin, de Manuel Benguigui, Mercure de France, 2019
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