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Jacques Rebotier a écrit Contre les bêtes il y a quinze ans. Un texte drôle et en colère, interprété pour la première fois en 2004, au festival d’Avignon, par le comédien Alain Fromager. Un poème-manifeste égrenant quelques propositions pour éradiquer de la surface, et même des profondeurs du globe, les quelque 6 800 000 autres espèces qui encombrent l’horizon des hommes. Ou plutôt des « ommes », puisque l’auteur toujours en retranche le « h ». À l’époque, la disparition des espèces faisait rarement la une des journaux et l’auteur pouvait avoir le sentiment de paradoxer – le néologisme n’est pas de lui mais pourrait l’être – dans le désert. Aujourd’hui, l’écoute est différente – moins perplexe quant au contenu – mais l’humour et l’art de la glisse font toujours mouche.
Contre les bêtes a été traduit en espagnol par Julia Azaretto et fait l’objet, en 2018, d’une tournée au Mexique, dans une interprétation de la comédienne mexicaine Odille Lauría. Au festival « off » d’Avignon, c’est la version française, lue-jouée par Rebotier lui-même, qui est donnée.
En 1975, quelques mois avant sa mort, Pasolini publiait dans le Corriere della Sera, un article sur la disparition des lucioles. Une espèce bien entendu dans le collimateur de Rebotier : « Les lucioles servent à rien, les lucioles foutent rien, les lucioles sont des planquées, elles pensent rien qu’à baiser, elles pensent qu’à bouffer. Vers luisants, pareil. Ils comptent un peu trop sur l’univers-providence, je dis. Les lucioles et les vers luisants, c’est pas des gagnants. » Aucun doute : Rebotier est brillant.
René Solis
Guide
Contre les bêtes, de et par Jacques Rebotier, Espace Pasteur, Avignon, 19h20, jusqu’au 28 juillet (relâche les 8, 15 et 22 juillet).
Contre les bêtes, édition bilingue, espagnol (traduction de Julia Azaretto) / français, Le Nouvel Attila, 2019, 96 pages, 9 €.
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