lento
accelerando
diminuendo
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on promenait son humanité à la laisse on en considérait d’un œil tendre les déjections les aboiements fièrement et quelques âmes, par les fêlures de la cuirasse qu’elles s’étaient faite contre les effondrements, donnaient encore accès aux humbles émerveillements, au coton d’un nuage que file le vent dans le couchant, au sang clair d’une betterave entre les doigts, à l’amour tranchant du couteau pour le parchemin de l’ail, au souvenir d’un rêve comme le saut d’un poisson hors de l’eau noire, on les reconnaissait, on s’en approchait prudemment, sur les dernières pointes du désir, parfois sans être sûr qu’on ne veuille pas les emmurer parce qu’abandonné qu’on était dans l’éboulis des espérances qui tenaient la vie fièrement oblique naguère encore on ne voyait plus aux arbres les feuilles mortes que les vents et les pluies d’automne n’avaient pas arrachées et qui pendaient recroquevillées comme des ailes inutiles et dont on avait perdu la mémoire des battements des envolées ni au livre du ciel les pages innombrables des constellations qu’avaient déchiffrées les générations passées on allait tapant du talon le sol et jouant bravache les derniers numéros du triomphe de la volonté mais le visage perçait le masque on y lisait qu’on n’attendait plus rien de personne et de chacun qu’il disparaisse |
Frédéric Teillard
Microscopies
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