La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés
Le chaland de Venise (4) : Chioggia
Les guides touristiques décrivent Chioggia comme une petite Venise, mais on peut y arriver en car et non en bateau, après avoir longé la bande de terre qui sépare la lagune de l’Adriatique. Nous étions partis du Lido, tôt le matin, pour arriver à destination à la fin du marché.
L’impression qui prévalait en novembre 1978 était la pauvreté de cette ville de pêcheurs où Goldoni situe l’action de l’une de ses pièces les plus célèbres, écrite en 1762, Baroufe à Chioggia.
Rien n’évoquait la guerre du XIVe siècle qui avait consacré la victoire de Chioggia et de Venise face aux velléités de mainmise de Gènes sur la lagune.
L’envie me vient de laisser parler les photos.
La Fiat 500, la Vespa et la Sainte Vierge résument assez bien le petit théâtre des rues de Chioggia.
Les costumes trahissent le temps qui a passé et rien n’éteint mon regret de n’avoir pu m’attarder le long de la lagune pour photographier les installations de pêche et les marais salants.
En ce début d'hiver 1978 à Venise, le froid glacial et la pluie étaient de nature à décourager les ardeurs photographiques. Restées depuis si longtemps dans leur boîte, ces photographies prennent l'air aujourd'hui pour nous aider à mesurer l'empreinte du temps.
À la Toussaint 1978, le soleil était plus accueillant que les frimas de l'hiver précédent. Venise suscitait la tentation de la couleur. Mais le soleil n'effaçait pas l'atmosphère pesante qui régnait en Italie. Les Brigades rouges avaient assassiné Aldo Moro le 16 mars...
En quittant le marché, juste à côté du Rialto d'où le regard plonge sur les étals, je gardais en tête l'image du marchand de poulets, l'image de Venise, théâtre offert au photographe. Troisième volet d'une déambulation dans un album de souvenirs.
Les guides touristiques décrivent Chioggia comme une petite Venise, mais on peut y arriver en car, après avoir longé la bande de terre qui sépare la lagune de l'Adriatique.