et le printemps dont on avait regardé les premiers jours en souriant, comme un trésor soudain, une récolte inespérée qui promettait une vie pleine, désireuse du lendemain, on le perdit pareillement, d’un coup, comme une fortune engloutie par un krach, une maison effondrée par un séisme, un être cher disparu par accident
et l’on retomba dans une tristesse, un désespoir sans contours précis qui faisait glisser sur les couleurs joyeuses des primevères, des forsythias, des prunus et des jonquilles un regard voilé d’indifférence et de lassitude
et aux quelques libertés dont on disposait encore, à ce qu’il restait de leur inexorable grignotage par des lois qu’avaient dictées la peur de dangers opportunément exagérés, on fut prêt à renoncer, désirant les conforts et les plaisirs inexpugnables de la plainte et de la soumission
on vendit pour quelques bénéfices misérables l’espérance à la résignation, la joie à l’abattement, la révolte au renoncement
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