La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Chroniques
Ordonnances littéraires

Entrez dans la danse de Jean Teulé, pour le sinistre de l’Intérieur

Depuis quelques semaines, notre sinistre de l’Intérieur présente des symptômes de plus en plus inquiétants, qu’il a du mal à contenir. L’équipe du service de médecine littéraire a tenté un traitement novateur en lui prescrivant Entrez dans la danse de Jean Teulé (Julliard), histoire d’une épidémie de danse, symbole de désespoir, et de sa gestion par les autorités politiques et religieuses. Le patient semble malheureusement avoir mal répondu à ce traitement à risques. (Lire l'article)

Sculpture de Frank Girard
La branloire pérenne

« Je est un autre »

Depuis plusieurs années, les citoyens sont de plus en plus considérés comme pleinement responsables de leurs actes. Alors qu’auparavant la justice prenait souvent en compte les circonstances atténuantes comme la force des passions ou le poids du milieu social, nous avons aujourd’hui tendance à considérer que les coupables le sont entièrement. C’est ainsi par exemple que Nicolas Sarkozy a permis d’incarcérer les mineurs à partir de 13 ans. Mais que signifie au juste être responsable ? (Lire l'article)

Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

La Fille de Londres

La fin du monde ne ressemblera pas à la fin du monde. Pas de gros nuages noirs annonciateurs d’orage terminal, pas de raz de marée de cauchemar balayant les cités, pas de champignon nucléaire s’élevant au loin comme une mauvaise blague. Vous saurez que la fin du monde approche lorsque vous décrocherez votre téléphone et qu’une voix synthétique vous répondra : si ceci tapez 1, si cela tapez 2, sinon tapez étoile pour revenir au sommaire. Tout indique (en particulier les services d’assistance de ces entreprises connues sous le nom de “fournisseurs d’accès”) que nous en sommes déjà là. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Axiomatique

Au regard des mouvements sociaux en cours et des réponses qu’y apporte le gouvernement, une formule étrange me vient à l’esprit : nous faisons face à une crise axiomatique. Un axiome, en logique, c’est une assertion supposée vraie et dont on pourra déduire d’autres énoncés appelés théorèmes. Une fois défini un jeu d’axiomes et les règles de déduction que nous entendons lui appliquer, n’importe qui, en théorie, doit en déduire le même ensemble de théorèmes ; et un ordinateur bien programmé pourra vérifier que ce que nous présentons comme un théorème en est bien un. Or, si l'on écoute les politiques de tout bord, on sera frappé de la prégnance le plus souvent inconsciente du système d’axiomes qui nourrit leur discours. (Lire l'article)

La branloire pérenne

En vacances

La peur que notre société éprouve à l’égard du chômeur, du migrant, du sans domicile fixe, du vagabond et du romanichel vient sans doute de ce que ces catégories échappent, au moins en partie, au contrôle de l'État. La grande question qui revient sans cesse à propos des chômeurs est de savoir ce qu’ils font tout au long de la journée. À quoi s’ajoute la question de savoir où ils vont. Se promènent-ils ? Les vacances devraient nous délivrer au moins une fois l’an des chaînes du travail. Elles devraient être un temps de liberté et de désordre. Éloigné des centres de contrôle (usine, entreprise, atelier, administration), l’homme devrait pouvoir souffler un peu et faire ce qui lui plaît, aller où ça lui chante, avec qui il l’entend ou bien seul s’il le préfère. Un rapide coup d’œil sur l’organisation des congés payés montre que nous sommes loin d’une pareille liberté. (Lire l'article)

Lessivés
Chanson de gestes

Lessivés

Le dimanche, dans le quartier, c’est jour de lessivage. Femmes et enfants arrivent les premiers. Ce n’est pas loin de la foire d’empoigne pour réquisitionner les machines. Des hommes s’infiltrent, avec des petits sacs de sport. Notre chariot pour les courses n'est pas adapté du tout, il est taché d’huile et du reste de moutarde d’un pot renversé. Face aux machines, personne ne bouge, alors nous tentons l'expérience de l'immobilité. Qu’il est doux de se laisser entraîner par le roulis, de regarder les couleurs se mélanger dans le tambour, d'intégrer la communauté des lessivés... (Lire l'article)

suicides assistés fait-divers edouard launet
Sciences du fait-divers

Suicides assistés

“Chine : il tente de suicider en sautant d’un immeuble, tombe sur un cycliste qui en meurt, et remonte pour recommencer”. Cette affaire singulière a eu pour cadre une rue de Shantou. Peu avant, une femme avait été blessée par la chute d'un désespéré qui, lui, ne s’était pas raté. L’autre singularité de ces drames est qu’ils ont été captés par des caméras. La profusion des smartphones et des réseaux de télésurveillance fait que ce genre de faits-divers peut désormais régaler la planète entière. (Lire l'article)

Insultologie appliquée

Ta gueule !

"Ferme ta gueule !" est une injonction qui est rarement suivie d’effet, ou qui produit l’effet inverse à celui recherché : l’autre se met à gueuler plus fort. Fermer sa gueule est facile tant qu'on ne vous le demande pas. Le général Georgelin aurait dû le savoir...
David Mitchell, L'âme des horloges (L'Olivier). Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

David Mitchell pour les patients en fin de campagne électorale

Le 7 mai 2017, ce sera la fin, enfin, d'une interminable campagne électorale qui n'aura, au bout du compte, accouché que d'une jeune souris en marche et aux dents longues. Notre service de médecine littéraire vous accompagne pour vous aider à passer au mieux ce tout dernier cap. C’est un très gros livre écrit par un Anglais, David Mitchell, mais l’aspect massif du traitement ne doit pas vous effrayer. Vous l’entamerez le 7 mai au réveil : au lit, c’est une journée où toute activité dynamique et constructive est à proscrire. (Lire l'article)

“Eparse” de Lisa Balavoine, J.C.Lattès, 2018. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Éparse pour Nadine Morano

En ce début d’année 2018, le service de médecine littéraire rouvre ses portes après quelques mois d’inactivité, et force est de constater que le cas de celle qui a été notre première patiente est loin d’être réglé. Morano, c’est du lourd, de l’épais, du sérieux. N’empêche, nous n’avons pas vocation à ne soigner que les petits bobos, la médecine de confort n’est pas forcément à dénigrer mais les pathologies lourdes exigent toute notre attention. Nous avons donc décidé de reprendre le cas de cette patiente bien connue de nos lecteurs. (Lire l'article)