La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Chroniques
La branloire pérenne

Doit-on réécrire le passé ?

En mars dernier, à la Sorbonne, le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) et l’UNEF s’opposaient par la force à la représentation des Suppliantes d’Eschyle au motif que certains acteurs blancs portaient un masque noir : le délit de "blackface" leur semblait établi. Or, il s'agit d’une pièce sur la tolérance et l’accueil de l’étranger et le masque noir vient seulement ici rendre visible la différence de l’autre. Sans compter que le port du masque est une constante de la tragédie grecque où les rôles féminins étaient joués par des hommes travestis. S'élever contre une mise en scène "racialiste" est donc absurde. La censure exercée par le CRAN et l’UNEF est caractéristique d’une tendance lourde de notre époque : le désir de réécrire le passé afin de le rendre conforme à notre sensibilité ou à nos mentalités. (Lire l'article)

2017 Année terrible

Guerre civile

Ce soir, Victor Hugo est de sortie. Petit nuage dodu de cendres, vapeur de défunt, brume de génie, il s’est glissé hors de son caveau pour aller voleter dans l’air humide de la crypte du Panthéon à la recherche d’un camarade à qui parler. Passant devant le cercueil de pierre où sont allongés les restes de Jean Jaurès, le poète entend ce dernier l’interpeller : “Salut mon vieux Victor. Nom de Dieu, as-tu lu l’interview d’Alain Juppé dans le Monde il y a quelques jours ?” Hugo :  “Bonsoir, Jean. Non, je ne l’ai pas lue, je ne reçois plus la presse. On parlait de moi ?” (Lire l'article)

Daniele da Volterra - David et Goliath (verso) - ca.1555 - Musée du Louvre, Paris
Sciences du fait-divers

Arme blanche et misère noire

“Il sort un plus gros couteau que son agresseur.” D’abord, admirons de ce titre la belle économie de moyens : en quelques mots, nous avons le champ et le contrechamp, le pile et le face ainsi que la monnaie de la pièce. Il est question ici de l’attaque d’une petite épicerie de Fall River dans le Massachusetts, avec défense héroïque de son propriétaire machette en main et fuite piteuse de l’agresseur armé d’un poignard juste un peu plus petit. Et interrogeons-nous sur la scène elle-même, où se trouve résumée toute la misère du monde occidental. (Lire la suite)

"Voilà": le traducteur d'Emmanuel Macron en langue des signes
Le coin des traîtres, Traduction

Voilà

Le soir du premier tour, arrivé en tête, il a dit : « Voilà. » Deux fois. Qu'a-t-il voulu dire par là ? Pour mieux comprendre, essayons de traduire. Oui mais comment traduire « voilà », ce « verbe défectif réduit à la forme unipersonnelle du présent de l'indicatif de l'aspect inaccompli », qui semble vouloir dire pas mal de choses et leur contraire ? (Lire l'article)

John William Waterhouse - Echo et Narcisse
Sciences du fait-divers

Autoportrait au revolver

“Il se fait un selfie avec un revolver et se tue accidentellement.” Ce n’est pas que cet homme ait pris son revolver pour un smartphone. Non, il avait le premier dans une main et le second dans l’autre, les deux braqués sur sa tête. Il a déclenché les deux simultanément, ignorant que l’arme était chargée. Résultat : un mort et une photo pas terrible. Cette mauvaise plaisanterie a eu lieu aux États-Unis, dans l’État de Washington, et ce n’était pas la première du genre puisque, quelques mois plus tôt, un jeune Texan s’était tué de la même manière. L’autoportrait mortel n’est cependant pas une spécialité américaine mais indienne. Le Washington Post nous apprend en effet que c’est en Inde que l’on se tue le plus en se photographiant. (Lire l'article)