La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Chroniques
Max Ernst, La Forêt (1931) © ADAGP / Musée de Grenoble - Une chronique scarlattienne de Nicolas Witkowski
Chroniques scarlattiennes, Musiques

La forêt de Debussy

Dans ses épatantes chroniques musicales intitulées Monsieur Croche, Debussy s'élève contre une interprétation de Beethoven trop imitative et ne laissant aucun champ à l'imagination : “Rend-on le mystère d'une forêt en mesurant la hauteur de ses arbres ?” demande-t-il. Que faire devant la forêt Scarlatti aux 555 arbres, la jungle faudrait-il dire, remarquablement impénétrable aux techniques habituelles de la musicologie, laquelle s'interroge toujours, entre autres, sur la chronologie des sonates ? Et si l'on mesurait la longueur des sonates ? Ou plutôt le rapport des deux parties, qui permet de comparer des sonates de longueurs différentes. De façon totalement inattendue, il apparaît que ce nombre varie de façon cohérente d'un bout à l'autre du corpus, et que cette variation reflète l'évolution des stratégies de composition utilisées par Scarlatti... (Lire l'article)

Anaïs Nin
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Le papa d’Anaïs

“Le grand concert donné mercredi 27 par Joaquín Nin a été la plus savante fête musicale de la saison d'hiver. Dans un public de cent dilettanti, nous citerons Gabriele d'Annunzio” relate L'Avenir d'Arcachon en mars 1912. Ce soir-là, il joue Couperin, Rameau, Bach et Scarlatti. Pour d'Annunzio, Scarlatti est une révélation fulgurante. Quant à Nin, c'est le grand intercesseur : “Par l'art merveilleux de ses doigts et de ses esprits, il révélait en lui un vrai maître claveciniste digne du XVIIIe siècle, digne du divin Napolitain.” À ceci près que le clavecin était un piano, et que c'est précisément pour avoir dit que le second était préférable au premier que Nin a subi les foudres de Wanda. (Lire l'article)

Berlinische Monatsschift
Diogène en banlieue

Évaluation

Ce jour-là, j’arrivai en cours avec cinq bonnes minutes de retard. Les élèves m’attendaient dans le couloir, agités et bruyants. En classe il me fallut encore cinq minutes pour rétablir le calme. Les élèves ne paraissaient guère disponibles, la faute à mon retard sans doute, à leur jeunesse peut-être, à la philosophie aussi. C’est ce que j’imaginais quand je me rappelai soudain que je leur avais demandé de me rendre un devoir. (Lire l'article)

Chanson de gestes, Danse, Théâtre

Le voltigeur d’Avignon

Sauts de l’ange en altitude et à l’envers, très cher, vrilles, saltos, sauts périlleux avant, arrière, sur les côtés, en haut en bas,  voltiges au-dessus d’un cycliste ou d’une brochette de spectateurs... Farid Zitoun, prodigieux acrobate qui semble avoir développé sa propre technique n’a pas besoin de trampoline. Il est l’Acrobate bleu de Picasso ou celui de Chagall, le cirque de Pékin ou le groupe acrobatique de Tanger à lui tout seul. Un solo de l’ange, à voir à Avignon, dans le off du off du off, complètement in. (Lire l'article)

Domenico Scarlatti Cat's Fugue
Chroniques scarlattiennes, Musiques

1685

Händel, Bach, Scarlatti : tel est l'ordre (février, mars, octobre) dans lequel sont apparus ces trois bébés prometteurs en l'an de grâce 1685. Une bonne année : ils eurent tous trois ce pouvoir magique de nous envoyer en l'air — ou de nous réduire à l'état de serpillère — avec trois notes ! S'il fallait les résumer d'un mot, le premier serait un musicien de cour, le deuxième un musicien d'église et le troisième un anarchiste. Mais derrière le Water Music de Händel et ses multiples opéras se cachent d'admirables Suites pour clavier, comme veillent, derrière les cantates et les grandioses Passions de Bach, les fascinantes variations Goldberg. (Lire l'article)

“Eparse” de Lisa Balavoine, J.C.Lattès, 2018. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Éparse pour Nadine Morano

En ce début d’année 2018, le service de médecine littéraire rouvre ses portes après quelques mois d’inactivité, et force est de constater que le cas de celle qui a été notre première patiente est loin d’être réglé. Morano, c’est du lourd, de l’épais, du sérieux. N’empêche, nous n’avons pas vocation à ne soigner que les petits bobos, la médecine de confort n’est pas forcément à dénigrer mais les pathologies lourdes exigent toute notre attention. Nous avons donc décidé de reprendre le cas de cette patiente bien connue de nos lecteurs. (Lire l'article)

2017 Année terrible

Guerre civile

Ce soir, Victor Hugo est de sortie. Petit nuage dodu de cendres, vapeur de défunt, brume de génie, il s’est glissé hors de son caveau pour aller voleter dans l’air humide de la crypte du Panthéon à la recherche d’un camarade à qui parler. Passant devant le cercueil de pierre où sont allongés les restes de Jean Jaurès, le poète entend ce dernier l’interpeller : “Salut mon vieux Victor. Nom de Dieu, as-tu lu l’interview d’Alain Juppé dans le Monde il y a quelques jours ?” Hugo :  “Bonsoir, Jean. Non, je ne l’ai pas lue, je ne reçois plus la presse. On parlait de moi ?” (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Obscur Oracle

L’intelligence artificielle est partout ces temps-ci. Selon qui vous en parle, elle va révolutionner notre vie, nous piquer nos jobs, gouverner le monde à notre place, nous rendre surhumains ou obsolètes, assurer la sécurité de nos routes, mettre fin à nos libertés, nous faire rois ou esclaves, inventer son propre successeur (et le nôtre) dans une singularité récursive infinie… la boîte de Pandore est ouverte – mais que contient-elle de fantasmes, de mythes anciens modernisés, de réalité exaltante ou effrayante ?

“Nuit de noces” (1904), vaudeville d’Henri Kéroul et Albert Barré.
Mot à mot

Adultère

Aucun doute, la définition du mot adultère va et vient selon les mentalités, les codes moraux et les époques. Et le passage par un moteur de recherche ajoute du piquant à la question... 
Le nombre imaginaire, Sciences

À la recherche du bon chiffre

Le problème n’est pas de trouver des chiffres : c’est de trouver les bons, ceux qui vous permettront de mener un raisonnement sain, et qui vous éviteront de vous couvrir de ridicule au premier fact checking un peu sérieux. Prenons par exemple l'affirmation selon laquelle la  croissance crée de l'emploi. La question est passionnante en soi, mais il me paraît aussi intéressant de décrire le travail de recherche nécessaire au citoyen lambda qui cherche à en avoir le cœur (inter-)net par lui-même, sans autres moyens que son navigateur et son moteur de recherche préféré. Je ne saurais trop encourager nos lecteurs à s’y lancer comme moi. (Lire l'article)