La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Chroniques
Le Divan © Freud Museum London
Le coin des traîtres, Traduction

Je suis une serial

Ah mais, parce que moi, vous comprenez, on me dit: vous le trahissez, ou tu le trahis, c’est de la trahison, c’est vrai, on peut dire que je le trahis, mais au fond, moi, je ne veux pas, je ne veux pas le trahir, ce n’est pas mon intention, parce que trahir, c’est déjà trop, c’est en faire trop, je reste à ma place, moi, si je le trahis, ce n’est pas volontaire, rien à voir avec la bonne vraie trahison, la vieille grande trahison. Pas de génie qui ne trahisse, alors, trahison, hein, trahison!

Choses revues, En bref

Marcher sur des œufs

La préfecture d’Agen a été délicatement incendiée et très finement recouverte de lisier. Dans un souci de ne surtout pas heurter les gentils agriculteurs, le très mesuré Gérald Darmanin demande aux forces de l’ordre de faire preuve de modération à leur égard.

periscope
Courrier du corps

Periscope ou les enfants au pouvoir

D'abord, le nom est bien trouvé. Le périscope est ce qui permet littéralement d'embrasser tout l'horizon, de le circonscrire d'un coup d'oeil rotatif. Totalitaire, il possède en outre de super pouvoirs : avec lui, nous dit le dictionnaire, on observe “par-dessus un obstacle des objets inaccessibles à la vision directe”. Deuxio, l'imaginaire du périscope est un peu celui du sous-marin. Planqué dans une boîte en fer, on peut se livrer aux délices du voyeurisme comme dans les dessins animés de la Warner, sans parler de la forme phallique de l'engin : la pulsion scopique est de sortie. Periscope permet à chacun de diffuser en direct les images que capte la caméra de son smartphone, c'est-à-dire d'être une télé. (Lire la suite)

Antonio Altarriba et Keko, “Moi, fou” (traduit par Alexandra Carrasco), à paraître fin octobre chez Denoël Graphic
Ordonnances littéraires

Comment ça, tout va bien ? (Antonio Altarriba & Keko : Moi, fou)

“Comment ça, vous allez bien ?” Quand les patients dérapent... À lire alors d'urgence : Moi, fou d’Antonio Altarriba et Keko (traduction Alexandra Carrasco), en noir (et blanc), chez Denoël Graphic. C’est l’histoire d’Angel Molinos, docteur en psychologie et écrivain raté, qui travaille pour un centre de recherches affilié à un labo pharmacologique spécialisé dans les maladies mentales. Le centre de recherche travaille à identifier, ou plutôt à créer, de nouveaux profils “pathologisables”, qui, bien sûr, pourraient être traités avec les médicaments produits par le labo. (Lire l'article)

Choses revues

Lutte des casses

Les premiers signes de la révolte à venir ont fait leur apparition il y a quelques semaines, personne n’aurait pensé alors qu’ils seraient annonciateurs d’une véritable révolution.

Foot, Footbologies 2016-2017

J22 – Le pouvoir de l’image (poétique)

Personne ne représente mieux la pensée cartésienne que ces commentateurs sportifs pour qui la raison se veut l’unique mode d’accès à un réel dont la description bannit tout recours à l’imagination au profit du seul prisme de la statistique. Leur discours sur le football se veut objectif, leur lexique lorgne du côté de la science jusqu’à l’hypercorrection (la « technicité » plutôt que la « technique ») et toute approche poétique de la réalité est bannie. Or, par la grâce d’un commentaire sportif imagé, le match peut se transformer en parabole ou en fable, avec la possibilité d’une morale. Le match au sommet entre le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco offrait la possibilité d'une telle approche déréalisante. (Lire l'article)

38ème et dernière journée de Ligue 1. Dernière épisode de la chronique de Sébastien Rutés: Footbologies.
Foot, Footbologies, Footbologies 2015-2016

J38 – La légende et l’oubli

La première saison de Footbologies dans Délibéré prend fin avec la 38ème et dernière journée du championnat. L'occasion de “saluer” le départ de Zlatan Ibrahimović. Le roi est mort, vive le roi : combien de stars du ballon rond se sont-elles crues indispensables qu’on a aussitôt remplacées ? Les voilà qui jouent les consultants sur les plateaux télé, s’ennuient dans leur retraites dorées et meurent dans l’indifférence. Courte est la durée de vie des légendes, de nos jours. Zlatan le sait, qui travaille d’arrache-pied à consolider la sienne avant que d’autres prennent sa place. Il fait comme chacun d’entre nous : il se bat contre l’oubli. (Lire l'article)

Diogène en banlieue: une chronique de Gilles Pétel. Chapitre 5: Contact
Diogène en banlieue

Contact

Après avoir examiné les visages fermés des élèves de ma terminale scientifique, je compris qu’il me faudrait d’abord regagner leur confiance. Cela signifiait affronter une forme de suspicion que je n’avais jamais rencontrée au cours de ma carrière : les élèves me prenaient pour un professeur au rabais. Je tombais du ciel avec trois semaines de retard et ils s’imaginaient à l’évidence que je ne possédais aucune qualification. (Lire l'article)

André Brouillet - Le Dr Charcot à la Salpêtrière (1887) - détail
Sciences du fait-divers

Délices de l’hypnose

“Un homme hypnotisé sur son canapé par une émission de télé !” (France Bleu Gascogne). Ce soir-là, TF1 diffusait “Stars sous hypnose”, émission dont le titre résume à peu près l’ambition. À Parentis-en-Born, village des Landes, un homme de 51 ans et sa femme regardaient s’agiter sur leur écran l’hypnotiseur de foire connu sous le nom de Messmer ainsi que diverses personnalités connues pour leur célébrité. C’était un samedi soir, quoi. Mais soudain la femme s’aperçoit que son mari a l’air ailleurs, il n’a plus aucune réaction, il semble comme endormi les yeux ouverts. Coup de téléphone affolé au SAMU. Les secours arrivent et constatent ceci : la victime a été hypnotisée par le téléviseur. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Alternatives logiques

Un bon nombre de règles semblent évidentes au-delà de tout doute raisonnable. Par exemple le fait qu’une affirmation ne peut pas être vraie et fausse en même temps. Certaines formes de logique regardent pourtant avec suspicion la fameuse preuve par l’absurde : pour prouver une propriété, je suppose sa négation, et j’en déduis une contradiction. Ma propriété, qui doit être vraie ou fausse, ne peut ainsi pas être fausse et elle est donc nécessairement vraie. Raisonnement inattaquable ? Oui, pour la majorité des mathématiciens ; mais il existe une forme de logique, dite intuitionniste, qui se refuse à un tel raisonnement. (Lire l'article)

Ordonnances littéraires

Wislawa Szymborska, pour les vivants et pour les autres

Où le service de médecine littéraire, jour après jour, se dote d’un support théorique important ; où, après des débuts tâtonnants et expérimentaux, il commence à se doter d’un arsenal thérapeutique plus étayé. Bref, nous avançons. L'ordonnance littéraire de la semaine : De la mort sans exagérer, poèmes écrits par Wislawa Szymborska, préfacés et traduits du polonais par Piotr Kaminski, parus chez Gallimard. (Lire l'article)