
ce que je dis d’où je le dis je le dis d’où je gis, de sous la terre du fond du trou du ventre de mère, de sous le marbre de mère de sous sa pierre où je n’ai pas de nom pas de corps pas de peau, je le dis du ventre de mère où depuis le début je gis, de ces neuf lettres et sa Fille je le dis, je le dis sous ces trois mots où je gis pas morte, furieusement pas morte sous les neufs lettres de ces trois mots, elle aimait les nombres impairs, mère, les mères savent comment faire un père passe et manque, je n’ai jamais été que ça et sa Fille, je le resterai tant qu’on ne me déterrera pas de ses bras, qu’on ne m’enlèvera pas du caveau en marbre de son ventre, qu’on ne m’exhumera pas d’où je gis, j’attends je n’attends pas la résurrection des morts, j’attends la césarienne, la dissection, la séparation, la distinction, j’attends le nom, j’attends pour mourir de naître, en attendant tout ça mère je rêve de mon corps faire ce que je veux
qu’on dresse la table
de mon dos
qu’on cueille des fleurs
sur mon ventre
les fruits murs à mes phalanges
verdissantes
qu’on lance l’épervier dans les eaux
poissonneuses de mes yeux
qu’on goûte à mes lèvres bleues
ma cervelle
qu’on prenne aux abeilles
de mes organes génitaux
leur miel
qu’on me jette bras et jambes
aux oiseaux
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