La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Moloch
| 27 Nov 2023
Cimetière de Dieppe: Ici sont morts deux soldats canadiens. 19 août 1942

ils montèrent à califourchon, nus, tout au bout des canons, les parties génitales pendant devant l’o noir de la gueule, les poings sur les hanches ou les mains dans le dos serrant le fût, le menton haut, l’air crâne et l’on tira simultanément les obus qui partirent dans un trait de feu, un nuage de fumée et un hurlement,

les autres, debout entre les deux canons, comme sourds au tonnerre et aux cris, semblaient fixer au loin, à trois ou quatre doigts au-dessus de l’horizon, la lune presque pleine et presque nette, mais ils guettaient en réalité l’embrasement du navire que cherchaient à atteindre les artilleurs,

et il régnait là, dans la nuit, une atmosphère de sacrifice, mystique, archaïque et folle, une communion dans le sang, le fer, le feu, le désir éperdu de mort, de dislocation

 

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mais sans soute avais-je pensé impensable qu’on privât une femme de son prénom, le seul mot qui ne fût pas amarré à la bite d’un homme, son père ou son mari…

Saint Léger

et je me souviens très bien de ses paroles, ce jour-là, où il a parlé de son projet de livre. C’est resté un projet. On entendait par le conduit de cheminée les voisins crier. Ça je n’en veux plus ! On ne comprenait pas tout.