Expo au long cours au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, puisque inaugurée le 30 juin, elle doit durer jusqu’au 2 mai 2021. Sous le titre « Juifs du Maroc, 1934-1937 », elle met en lumière l’une des communautés juives les plus anciennes du Maghreb et rend hommage à un –presque– inconnu, Jean Besancenot (1902-1992), peintre et photographe fasciné par le Maroc qu’il découvrit dans les années 1930.
Commissaire de l’exposition, avec Dominique Carré, Hannah Assouline, elle-même photographe, revient, dans un petit film, sur sa rencontre avec Jean Besancenot en 1984 et sur comment une image a fait resurgir à la fois une histoire familiale enfouie et un patrimoine culturel oublié.
L’image en question est celle de deux enfants – deux jeunes adolescents – posant pour Besancenot en habits de mariés. Une photo prise dans la région du Tafilalet, dans le sud-marocain, peuplé de communautés juives et berbères. Le cliché figure en bonne place dans une galerie de portraits qui témoignent d’un monde disparu : restés pendant deux millénaires largement à l’écart des soubresauts de l’histoire, vivant en symbiose culturelle avec les populations berbères de la région, les juifs du Tafilalet, avec leurs traditions et leurs costumes, ont peu à peu quitté dans la deuxième moitié du XXe siècle les oasis d’Erfoud, de Gourrama ou de Goulmina.
Jean Besancenot, quand il photographiait parures et vêtements de fête, en prenant soin à chaque fois de noter précisément leur nom et leur usage, avait sans doute conscience d’être l’archiviste d’une histoire touchant à sa fin. Et ses photos touchent aussi parce qu’elles conservent la trace de cette émotion.
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