Au début du XXIe siècle, le retraité doit être actif, créatif et ne pas trop se reposer. Depuis quelques années, Michel s’invente en témoin goguenard des aventures de sa très entreprenante épouse : candidate imaginaire à la présidence de la République en 2007, la voici à présent auteure du futur bestseller de l’année, un livre sur sa famille et ses souvenirs, qu’elle compose, vraiment cette fois, et rédige avec l’aide de son fils Éric, patient préposé à la mise en page.
À cette époque, ceux qui leur ont rendu visite à Bénédigues se souviennent des photos de famille qui envahissent peu à peu la table de la grande pièce au carrelage noir et aux baies vitrées. Comme toujours, Michel fait mine de ne pas s’intéresser et nous convainc d’autant moins qu’il glisse son autoportrait (cherchez les barbus !) dans un certain nombre des photos de famille portées par l’arbre généalogique où s’est installée Françoise, après en avoir peint, des arbres, un certain nombre. Les soixante-huitards sont donc devenus d’ardents défenseurs des valeurs familiales ?
C’est une évolution plus discrète qui se donne à voir dans ces vœux pour 2009, plus de soixante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et dix ans après le procès Papon, Bordelais de triste mémoire : chez les Z’Urbains on est laïc et antisioniste ; il aura peut-être fallu toutes ces années pour pouvoir dire qu’on a porté l’étoile jaune. Le dire et le dessiner : Françoise est assise sur un arbre qui est un chandelier, menorah en hébreu.
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