La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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| 01 Déc 2022

La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dresse sa silhouette sombre, longiligne et pointue au sommet de la falaise du Pollet qui domine Dieppe, surplombe le port et la mer.

Une place et un monument de Montréal, une rue de Dieppe, une rue et une avenue de Québec, un contre-torpilleur et un escorteur d’escadre de la marine nationale française portent ou ont porté le nom de Jean Vauquelin, officier de marine, né à Dieppe en 1728 et mort 46 ans plus tard à Rochefort après une vie de navigation, de commandement et de bravoure, brève mais intense.

Michel Vincent

décède tragiquement

en mer à bord du

« Jean Vauquelin »

le 20 août 1960

dans sa 18e année

dit textuellement l’une des plaques à la mémoire des marins péris en mer qui couvrent les murs de la chapelle du Pollet.

L’article « Liste de naufrages » de l’encyclopédie Wikipédia ne mentionne pas de naufrage au 20 août 1960, et aucune plaque de Notre-Dame-de-Bon-Secours n’évoque le souvenir d’un autre membre de l’équipage du Jean Vauquelin.

Sur le rectangle de marbre gravé de lettres capitales dont la dorure a résisté au temps figure aussi un médaillon: la photographie d’un gamin qui paraît plutôt douze ans que dix-huit. Il est coiffé d’une casquette de marin portée sur l’occiput et vêtu d’une vareuse sombre sur une chemise claire à rayures, son visage de trois quarts au regard légèrement baissé exprime un sérieux mêlé d’amusement.

Trois heures de recherches méthodiques sur Internet ne donnent aucun résultat sur Michel Vincent, ni sur le Jean Vauquelin à bord duquel il naviguait, ni sur les circonstances de sa mort. S’agit-il d’un naufrage, d’un accident à bord, d’une chute à la mer ? La typographie de la plaque commémorative ne permet pas de savoir s’il faut lire « décédé » ou « décède ». En tout état de cause je n’aime pas décéder, je préfère périr.

 

 

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