La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Fictions
Kaïros - Photo © Frédéric Teillard
Microscopies

Kaïros

c’est un matin d’hiver ordinaire on est
sur la pente de la nuit qui mène
au travail on se demande
mais un instant
à quelle classe
moyenne on appartient et puis
Fictions, Les aventures de Tigrovich

XXXII. Prisonniers des pirates

Bientôt, tremblant de froid, de douleur et de faim (le tigre), ils se retrouvèrent, fers aux pieds, dans une cale humide et sombre, d’autant plus sombre qu’à tous les deux on avait, selon l’usage, recouvert les yeux d’un bandeau. D’abord, les sanglots de l’un répondant aux sanglots de l’autre, ils pleurèrent le sort du pauvre Demetrios, fidèle ami qui les avait réunis, avant de payer de sa vie l’accomplissement de son devoir. Or, comme ils pleuraient, des sanglots tiers se firent entendre dans l’obscurité. Le tigre et son dompteur se turent, oreilles dressées. (Lire la suite)

Nouvelles d'un monde ancien

Noël en mer

Un bruit de chute me réveille. C’est Olivier qui vient de se vautrer en descendant dans le carré. Il fait nuit noire, le bateau danse sur une houle confuse comme un éléphant ivre, et mon ami se met à lâcher une bordée de jurons tout à fait inédits dans sa bouche.
Chefs-d'œuvre retrouvés de la littérature érotique, Classé X

Jean d’Ormesson au-delà des Thermopyles

Confidence glissée par notre Jean d’O national dans une interview donnée à Vogue Paris quelques mois avant sa mort : “J’aurais beaucoup aimé écrire des livres érotiques sous pseudonyme mais c’est impossible : on me reconnaîtrait immédiatement.” Il y avait dans cette phrase un demi-mensonge ainsi qu’une vérité et demie. Le demi-mensonge : Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d'Ormesson se trouve être l’auteur de quelques pages, jamais publiées, sur ses amours homosexuelles – réelles ou fantasmées, on ne sait. La vérité et demie : chaque phrase de ce texte est à ce point frappée du sceau d’ormessonnien que la foule de ses lecteurs ne s’y serait pas trompée une seule seconde. Le style Jean d’O, c’est comme le Chanel n°5, vaguement écœurant mais reconnaissable à cent mètres. La preuve... (Lire l'article)

Photo Circuit court © Frédéric Teillard
Microscopies

Circuit court

fondu les plombs
trouver la lumière dans la chair
d’une courge dans
l’aveu que font à demi
les pétales des renoncules
dans ce qu’il reste à découvert
des visages
Chefs-d'œuvre retrouvés de la littérature érotique, Classé X

Antonin Artaud, jonc en folie

Jamais génie et folie ne furent si proches voisins que chez Antonin Artaud. Et jamais, dans l’œuvre de ce dernier, la frontière n’est si floue que lorsque la question du sexe y est abordée. Chez Artaud, le sexe est rarement affaire joyeuse, peut-être parce que sa première expérience sexuelle, en 1914 à l’âge de 17 ans, lui avait valu une dépression carabinée. Quoi qu’il en soit, une de ses toutes dernières œuvres fut un recueil d’une centaine de pages au recto de chacune desquelles il griffonna ces mots : “Mon jonc ! Mon jonc ! Mon jonc !…” etc. , et au verso : “Ton con ! Ton con ! Ton con !”, etc. Est-ce une célébration ou au contraire le cri d’horreur d’un homme devenu absolument fou ? (Lire l'article)

Chefs-d'œuvre retrouvés de la littérature érotique, Classé X

Pierre Choderlos de Laclos et ses gros ciseaux

Comment est-il possible que Pierre Choderlos de Laclos  — homme rangé à la “conversation froide et méthodique”, époux fidèle, professionnel rigoureux, en rien un séducteur aux moeurs dissolues — ait réussi à produire un roman aussi dépravé que Les Liaisons dangereuses  ? Réponse d'une universitaire : Choderlos n’est tout simplement pas l’auteur du livre. Et toutes les lettres qu’échangent la marquise Merteuil, le vicomte de Valmont, Cécile de Volanges et les autres seraient de vraies lettres, que Laclos s'est permis d'“élaguer”, supprimant notamment les passages où les correspondants évoquent l’anatomie féminine. (Lire l'article)