Les mots de notre quotidien, anodins ou loufoques, parfois nous font de loin un petit clin d’œil, pour nous inviter à aller y voir de plus près. Mot à mot, une chronique pour suivre à la trace nos mots et leurs pérégrinations imaginaires.
Doux dingue
Locution passée dans la langue courante, de « doux » : pas méchant et « dingue » : pas réaliste.
Désigne un marginal que ses contemporains tolèrent et pour lequel ils auraient même du sentiment (avec un seuil de bienveillance tout de même qu’il ne faut pas dépasser). Le doux dingue gambade dans les plates-bandes de la société établie. C’est un rêveur, un idéaliste. Il est paisible, aime juste paître un peu à côté, mais ne mord pas.
Avec son pagne et ses binocles, Gandhi est le parfait portrait du doux dingue.
Imbécile heureux
Le cousin germain du doux dingue est l’imbécile heureux. D’« imbécile » : pas futé, et « heureux » : content de l’être.
L’important, dans imbécile heureux, c’est heureux. Il est crétin, ne comprend rien (à la politique, à l’économie, à l’argent…), se fait avoir mais, jamais agressif, s’en accommode et, même, pardonne.
On le laisse parler, raconter ses petites histoires, s’asseoir à notre table. Oh, allez, parfois, on aime bien le martyriser un peu…
L’imbécile heureux le plus célèbre est Jésus Christ.
Fou furieux
À l’extrême opposé du doux dingue et de l’imbécile heureux se trouve le fou furieux. De « fou » : privé de cervelle, et « furieux » : privé de cervelle. Celui-là est dangereux.
Contrairement aux deux autres qui sont des nomades, le fou furieux est sédentaire, citadin, solitaire. Souvent égocentrique et gonflé de lui-même, il s’éloigne également du modèle de l’ascète qui n’a que la peau sur les os par sa physionomie robuste et sanguine.
Le fou furieux hurle et bave. Il aime le béton, le brut, le dur. Il cogne, érige des murs et s’enferme lui-même à l’intérieur. C’est un survivaliste.
Le plus bel exemplaire connu de fou furieux est Donald Trump.
Jacqueline Phocas Sabbah
Mot à mot
0 commentaires