Croyez-moi si vous voulez. Cette affaire pourrait bien devenir une affaire d’État. Parfaitement. Genève nous a renvoyé les Brésiliens mais ils sont arrivés sans le tableau. La Suisse refuse de nous le livrer. La toile serait un Titien et non un petit maître de la Renaissance comme le prétendait Jo. Sotheby’s et Christys ont déjà dépêché leurs experts. Le monde de l’art est dans tous ses états. Un Titien!

Et Jo qui prétendait en remontrer au petit. L’amener à se familiariser avec les œuvres de la culture, affirmait-il d’un ton docte. De deux choses l’une. Ou bien Baldaturian est un escroc, ou bien il n’y connaît tout simplement rien en peinture. Il aurait acquis la toile sans se douter le moins du monde de sa valeur. Mais quand l’a-t-il achetée? et dans quelles conditions? A quel prix? Les autorités helvétiques penchent pour l’hypothèse d’un vaste trafic d’œuvres d’art qui impliquerait les mafia russes et albanaises. Elles retiennent le tableau à la douane en attendant d’en savoir un peu plus. La place Beauvau ne décolère pas et réclame le Titien. Pour tout arranger, Jo ne répond plus au téléphone et ne s’est pas présenté à son domicile parisien depuis le 7 mai. On ne l’a pas vu non plus dans sa propriété de Rambouillet. Oui. J’ai eu le ministre de l’Intérieur au téléphone. Je lui ai communiqué le détail des différentes étapes de l’enquête et il a quelque peu revu sa position concernant ma méthode d’investigation. Il reconnaît qu’au vu de l’importance acquise par cette affaire, il vaut mieux y aller mollo. Passer au crible les dépositions reçues. Reprendre les alibis. Vérifier les identités.

Mais, au fond, m’a-t-il demandé non sans une certaine appréhension, qui est réellement ce chanteur? Que savons-nous de lui au-delà de la légende?

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