La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Critiques
Walt Disney, Le livre de la jungle
Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Le Livre de la Jungle, d’une hypnose à l’autre

Welcome to the jungle – et dans un paradoxe de la création : parmi tous nos récits classiques, celui qui raconte combien difficile il est pour le “petit d’homme” de s’extirper de la Nature sauvage s’est incarné dans les formes les plus artificielles du 7ème art, le plus artificiel de tous. De la grâce que nous a laissé le dessin animé de 1967, merveille de notre enfance dont l'hypnose n'a jamais cessé, que reste-t-il dans le reboot de Jon Favrau – dessin animé aussi, mais tout en synthèse hyperréaliste, puisque de live action ici, il n'y a de fait que son héros Mowgli ? (Lire l'article)

Vers une inconditionnelle liberté, documentaire de Vartan Ohanian et Serge Challon
Cinéma, Écrans, Théâtre

Un documentaire réparateur

Ce n’est pas l’histoire d’un taulard, ni l’histoire de ce qui a fait de lui un taulard (1). C’est l’histoire de portes qui ne se sont jamais ouvertes et qui se referment sur un jeune homme de 17 ans et 6 mois, qui s’entrouvriront pour une libération conditionnelle en 2003 et s’ouvriront à la fin de sa peine en 2013. Le film (56’) Vers une inconditionnelle liberté, de Vartan Ohanian et Serge Challon, ne pose aucune question directement, il fait confiance à son sujet, Jean-Marc Mahy, pour les poser. (Lire l'article)

Musiques, Opéra

No(rma) means No

Adalgisa (une prêtresse, une Gauloise) dit non à Pollione (un Romain, un ennemi, un salaud ou à peu près). Non, elle ne le suivra pas à Rome. Sauf que Pollione insiste, tellement qu'elle finit par dire oui, ou peut-être. Et de ce oui arraché naît tout un opéra.

Hervé Vilard canta en español
Le coin des traîtres, Musiques, Traduction

Paroles et musique

Mémoires d'un traducteur de chansons (ou d'un homme à tout faire) : au début des années 1980, en pleine Movida, l’Espagne était à la mode et beaucoup s’imaginaient, en France, qu’il serait intéressant – et juteux – de conquérir ce marché. C’était à qui sortirait son disque en espagnol avec la french touch, de toute urgence. L'occasion de parler ici de musique, de métrique, de sémantique et de phonétique. (Lire l'article)

Venise, janvier 1978 © Gilles Walusinski
Le chaland de Venise, Photographie

Le chaland de Venise (1)

En ce début d'hiver 1978 à Venise, le froid glacial et la pluie étaient de nature à décourager les ardeurs photographiques. Restées depuis si longtemps dans leur boîte, ces photographies prennent l'air aujourd'hui pour nous aider à mesurer l'empreinte du temps.

periscope
Courrier du corps

Periscope ou les enfants au pouvoir

D'abord, le nom est bien trouvé. Le périscope est ce qui permet littéralement d'embrasser tout l'horizon, de le circonscrire d'un coup d'oeil rotatif. Totalitaire, il possède en outre de super pouvoirs : avec lui, nous dit le dictionnaire, on observe “par-dessus un obstacle des objets inaccessibles à la vision directe”. Deuxio, l'imaginaire du périscope est un peu celui du sous-marin. Planqué dans une boîte en fer, on peut se livrer aux délices du voyeurisme comme dans les dessins animés de la Warner, sans parler de la forme phallique de l'engin : la pulsion scopique est de sortie. Periscope permet à chacun de diffuser en direct les images que capte la caméra de son smartphone, c'est-à-dire d'être une télé. (Lire la suite)

Guide

Bienvenue au festival In Extremis

Organisé par le Théâtre Garonne de Toulouse du 17 mai au 11 juin, le festival In Extremis a cette année pour fil conducteur. Et invite des artistes du monde entier qui mêlent les genres et bousculent les frontières. 
Jean-Clément Martin, Les Echos de la Terreur, Belin, 2018
Livres, Ordonnances littéraires

Les Échos de la Terreur de Jean-Clément Martin pour le corps enseignant

Une grosse tête et surtout, un corps en souffrance. Le service de médecine littéraire est cette semaine confronté à un patient hors norme, éreinté et agressé de toute part. Cela tombe bien, nous venons de recevoir un médicament à usage complexe, Les Échos de la Terreur de Jean-Clément Martin (Belin, 2018) qui va néanmoins nous imposer un dilemme : envisageons-nous une posologie radicale avec effets secondaires importants ou un traitement plus léger mais au long cours, dont l’efficacité n’est pas garantie ? (Lire l'ordonnance)

F. Hyber et ses oursons © DR
Arts plastiques

Le jaune est mis

L’histoire de l’art offre maints exemples d’une relation initiale "inspirante" avec les mouvements sociaux indisciplinés. Bien avant les complicités mondaines de l’art contemporain et de "tout ce qui compte" en banque à la FIAC, cette relation s’est fondée sur une dépense somptuaire où création et destruction sont étroitement nouées. Le vandalisme semble d’ailleurs la contrepartie politique récurrente de toute création qui accède à l’espace public. Récemment, une main criminelle mit le feu à la sculpture de l’artiste Francis Guyot, installée au beau milieu du rond-point du péage Châtellerault-nord. L’œuvre monumentale représentait une autre main, jaune celle-là, tendue vers le ciel, sur laquelle circulait un chapelet d’automobiles noires. (Lire l'article)

Chroniques scarlattiennes, Musiques

Un musicien en or

On trouve étrangement peu de plasticiens inspirés par l'œuvre de Scarlatti. Mais les sonates sont elles-mêmes des œuvres plastiques, puisque Scarlatti se pose toujours la question du lien entre l'œil et l'oreille. À cet égard, une étude fine de leur structure montre que leur constituant principal, le grand motif double symétrique dont il a beaucoup été question ici, n'a pas de position précise au début du corpus. Peu à peu, cependant, il migre vers une position bien particulière, aux deux-tiers de la sonate. À y regarder de plus près, c'est à mi-chemin entre la moitié (4/8) et les trois-quarts (6/8), soit à 5/8, à quelques millièmes près de ce qu'il est convenu d'appeler le “nombre d'or” : 0,618... (Lire l'article)

Seyhmus Dagtekin - A l'ouest des ombres - Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne dans Délibéré
Livres, Ordonnances littéraires

Seyhmus Dagtekin pour les faiseurs de chiffres

La pandémie sévit depuis des années. Les journalistes traduisent notre monde en calculs, montants, tableaux, pourcentages, camemberts ou diagrammes. Qu’ils nous disent donc combien de chiffres ils nous obligent à avaler chaque jour, quel pourcentage de lecteurs, téléspectateurs ou d’auditeurs les digèrent vraiment, quelle proportion de ces mêmes chiffres ont un sens, au fond, et quand, mais quand donc cette valse de signes abscons prendra fin, pour qu’enfin ils se mettent à analyser, expliquer, raconter. Les chiffres ont chassé les mots. Chers journalistes, essayez donc de lire de la poésie. Les éditions du Castor Astral viennent justement de publier un très beau recueil de Seyhmus Dagtekin, À l’ouest des ombres. (Lire l'article)

Architecture

Trois Espagnols pour le prix d’un Pritzker

C'est l'agence RCR Arquitectes (Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramón Vialta) qui remporte le prix international d'architecture  2017. Les concepteurs en 2014 du musée Soulages à Rodez sont installés depuis 1988 dans leur petite ville catalane d'Olot. Ils y développent une architecture minimale mais d'inspiration locale, en osmose avec matériaux et paysages, entre tradition et contemporaneité. Ce qui leur vaut cette récompense. (Lire l'article)

Pierre Patrolin, J'ai décidé d'arrêter d'écrire, P.O.L., 2018
Livres

Patrolin : J’ai décidé d’arrêter d’écrire

On ne se méfie jamais assez des écrivains à la langue fluide. C’est beaucoup de travail ingrat. Ainsi Patrolin, l’auteur, décide-t-il de cesser. Vivre le monde, sans se balader avec des trucs notés sur des facturettes, des courriers du gaz, la marge du journal, avec cette ambition, mettre en mot l’instant, le bruissement des feuilles, l’idée traversante, la rue. Laisser vivre le monde. J’ai décidé d’arrêter d’écrire serait donc l’histoire d’une désintoxication. Il y a double bind romanesque : l’écrivain se tait, tandis que le narrateur rapporte le détail du renoncement. Mais ils ne font qu'un. (Lire l'article)

Danse

Trajal Harrell, gentleman cambrioleur

Le chorégraphe et danseur new-yorkais n’a que des idées saugrenues (de celles qui font progresser l’art). Dans Le Fantôme de Montpellier rencontre le samouraï, ce gentleman cambrioleur n’hésite pas à voler chez les autres pour construire son propre langage. Et il touche à la personne la plus sacrée, Dominique Bagouet, figure emblématique de la ville où il créa l'un des premiers centres chorégraphique nationaux. (Lire la suite)