La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
Véronique Ovaldé, Soyez imprudents les enfants (couverture), éditions Flammarion, 2016 - Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne dans délibéré
Livres, Ordonnances littéraires

Véronique Ovaldé pour les nostalgiques de la fin de l’été

La fin de l’été est propice à la nostalgie. Il est essentiel alors pour tout un chacun de mettre au point “des stratégies performantes pour éloigner la tristesse”. Parmi celles-ci, je recommande la lecture du dernier roman de Véronique Ovaldé, Soyez imprudents les enfants. Lisez Véronique Ovaldé, dès les premiers jours de rentrée, et avant même que les premiers symptômes de mélancolie post-été ne se fassent sentir, laissez-vous embarquer dans ses itinéraires tortueux et souvent réjouissants. Plongez dans ces mots-là, ils vous feront digérer bien mieux tous les autres. (Lire l'article)

L’Altro Mondo, Rimini, 1967. Architectes : Giorgio Ceretti, Pietro Derossi, Riccardo Rosso. Photographie d’époque, courtesy Pietro Derossi
Design, Expo, Livres

Cache toi, objet !

Regarder Mai 68 du côté du mode de vie, de l'architecture intérieure, du design (même si ce mot n'est pas encore utilisé en France à l'époque), n'est pas anecdotique. “On veut changer toute la vie !” Le designer italien Ettorre Sottsass est tout à fait dans le coup quand il affirme : “Faire du design, ce n’est pas donner forme à un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins luxueuse. Pour moi le design est une façon de débattre de la vie.” Le design, né et systématisé avec la révolution industrielle du XIXe siècle, a été immédiatement placé en responsabilité politique et sociale. Pas étonnant qu'il ait été prêt à faire les barricades. (Lire l'article)

Vivian Maier, Milwaukee, 1967
Arts plastiques, Expo, Photographie

Vivian Maier ou l’incertitude

La galerie parisienne Les Douches, qui, depuis 2013, a déjà réalisé plusieurs expositions des œuvres photographiques de Vivian Maier, présente jusqu’au 30 mars « The Color Work ». Pour l’essentiel, le travail de Maier sur la couleur, dans les scènes de rue dont elle est coutumière. Ce qui frappe dans une grande partie des œuvres présentées, ce sont les portraits. On ne cesse de s’interroger sur le rapport entre la photographe et ses modèles. Ceux-ci sont-ils partie prenante de la relation ? On pourrait croire qu’il n’y a rien entre l’image consentie et l’image dérobée. Pourtant, Vivian Maier réussit par moments le tour de force de se situer dans un entre-deux qui rend la chose indécidable. (Lire l'article)

Sonia Delaunay, Trois femmes, formes, couleurs, 1925. Musée Thyssen Bornemisa, Madrid
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Le style et la structure

Avec Scarlatti, les musicologues disposent d'un cas d'école : ce Napolitain vivant à Lisbonne puis à Madrid n'a cessé de mélanger les styles — italien et espagnol, mais aussi les goûts français et allemand — comme il a joyeusement mélangé les motifs musicaux de ses sonates. Démêler les styles et les structures imbriqués dans les sonates est le secret du bonheur scarlattien, mais l'éducation musicale, par tradition, ne met l'accent que sur le style. C'est dommage, car c'est réducteur. Prenez par exemple un prestigieux pianiste, chef d'orchestre et grand scarlattien, Christian Zacharias. Prenez ensuite une sonate au hasard, la 193 par exemple, et demandez-lui ce qu'il entend. (Lire l'article)

Danse

Dimitris Papaioannou, rolling stone

On l’avait raté au Théâtre de la Ville en octobre 2015, on s’est précipité à Montpellier Danse pour redécouvrir avec bonheur le Grec Dimitris Panaioannou. On avait gardé un souvenir clair de sa mise en scène, en images et en danse de sa Medea en 1998 à la Biennale de la Danse de Lyon, laquelle s’ébattait dans une pataugeoire. Car, ce n’est pas la première fois qu’il vient en France, même si on voudrait le voir plus souvent. L’occasion se présentant, on l’a retrouvé avec une autre figure de la mythologie grecque : Sisyphe. Still Life (Nature morte) est une allégorie de la Grèce, du peuple grec qui reconstruit sur les ruines, les désastres économiques. (Lire l'article)

Eko Supriyanto, Balabala @ Widhi Cahya, Salihara 2016
Danse

World in Marseille

Un chorégraphe indonésien, Eko Supriyanto, pour démarrer, avec notamment un solo dédié à l'Océan, une danseuse belge, Lisbeth Gruwez, Pénélope en robe noire tournant rageusement face au vent, une ouverture confirmée sur l'Afrique (Serge Aimé Coulibaly, Rokia Taoré...) : sous l'impulsion de son directeur Jan Goossens, le Festival de Marseille est un appel d'air, où l'on trouve de plus en plus de créations. Et qui gagnerait encore si la municipalité décidait de lui octroyer la Vieille Charité, magnifique lieu dominant toute la ville. (Lire l'article)

 

Audio, Classé X, Livres

Le porno en audio

Signe des temps, le X s’écoute désormais. Avec la fiction tout en sons Chambre 206, coproduite par Audible, l’artiste Olympe de G. donne à entendre un moment torride dans une très belle réalisation. Cinq minutes d'une scène particulièrement hot, sans les hashtags traditionnels de l’industrie du porn, sans les injonctions et les exercices obligés dont les pornhubs font leur gras. (Lire l'article)

Alexandre Seurat, L'Administrateur provisoire, éditions du Rouergue, 2016. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne
Livres, Ordonnances littéraires

Alexandre Seurat pour le gouvernement polonais

En Pologne, pays membre de l’Union européenne, les femmes ont failli ne plus avoir du tout le droit d’avorter. Même en cas de viol ou d’inceste. Quand l’avortement était déjà (et demeure) très sévèrement limité dans le pays. Et le gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice, en place depuis l’automne 2015, a par ailleurs bien d’autres projets tout aussi réjouissants. Le gouvernement polonais veut préserver la dignité” du peuple polonais ? Alexandre Seurat, dans L’administrateur provisoire, lui répond avec une précision troublante. (Lire l'article)

L'Aviateur, d'Evgueni Vodolazkine, traduit du russe par Joëlle Dublanchet, éditions des Syrtes
Écrans, Livres, Séries

Russie, trous de mémoires et trains fantômes

Roman de Vodolazkine, série Netflix sur Trotsky, documentaire géant en trois volets, exposition "Rouge" au Grand palais. On n’en finit pas de scruter la mémoire russe. Avec des résultats parfois surprenants. "Notre passé est imprévisible", écrivait Joseph Brodsky, et il n’avait pas tout vu...

Théâtre

Simon McBurney et les fantômes de l’Amazonie

À l'étiquette de metteur en scène, Simon McBurney a toujours préféré celle de “conteur”. À l'Odéon, seul en scène, il adapte Amazon Beaming, récit halluciné d'un photographe américain égaré dans la jungle. C'est bien au chevet des spectateurs que se place McBurney tout au long d'une soirée où sa voix berce, surprend, fascine, et où, bien plus que les images et les lumières, les sons ouvrent les portes de l'imaginaire. (Lire l'article)

Écrans, Séries

Il Miracolo, une histoire du trouble

Dieu, ces derniers temps, visite souvent Arte et c’est tant mieux. Après Au nom du père, co-production avec le Danemark, et son ravageur pasteur, voici Il Miracolo, co-production avec l’Italie, avec sa vierge en plastoc qui pleure des litres de sang. Serait-ce un rien passéiste ? Parce que l’Italie, là, semble moins habitée par les miracles de la madone que par de bons vieux démons. Erreur. (Lire le guide)

Le Désir libertaire. Le surréalisme arabe à Paris. 1973-1975, éditions de L’Asymétrie, 2018
Livres

L’Autre de l’Arabe mis à nu

Jetant dans une revue confectionnée à la hâte et avec soin ses poèmes oniriques ou acides, un collectif d’émigrés sans foi ni loi, divines ou politiques, explore les potentialités poétiques de la langue arabe et s’en prend à l’héritage qu’il refuse. Ces auteurs revendiquent pour cela un autre legs, qu’on croyait taillé à la seule mesure d’un Occident traversé par ses propres crises, celui du surréalisme. Poèmes en vers ou en prose, pièces littéraires et contre-points théoriques de cette revue ont été traduits de l’arabe et rassemblés par Abdul Kader El Janabi dans un volume intitulé Le Désir libertaire. Le surréalisme arabe à Paris. 1973-1975, publié aux éditions L’Asymétrie. (Lire l'article)

10 août 2016 – Marta (6ans) devant une voiture de police venue les chasser de la place Jean-Jaurès. Photo: Gilles Walusinski
Photographie

Roms, ville fermée

C'est par les réseaux sociaux que Juliette Keating et moi-même avons appris le 28 juillet 2016 au soir l'expulsion par la police de treize familles Roms qui habitaient depuis plusieurs années au 250, boulevard de la Boissière à Montreuil. Le lendemain, les familles s'étaient installées devant la mairie. Le 30 juillet la police chassait les Roms de la place de la mairie, puis de la place Anna Politkovskaïa où ils s'étaient réfugiés. C'est à ce moment que commence mon travail de photographe accompagnant quotidiennement les familles pendant quatre mois et demi... (Lire l'article)