La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
Gilles Marchand, Une Bouche sans personne, Aux Forges de Vulcain, 2016. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne dans délibéré
Livres, Ordonnances littéraires

Gilles Marchand pour François Hollande (oui, encore)

François Hollande défend le social-libéralisme parce que, voyez-vous, “c’est le libéralisme sans la brutalité”. Voilà qui rappelle vaguement ce qui se dit de l’édulcorant (le goût du sucre sans les calories), les plats allégés (le plaisir sans les kilos), les régimes miracles (la perte de poids sans les privations)... Notre Président en campagne s'arrange encore une fois pour passer à côté de la réalité et même des rêves. Qu'il lise donc le roman de Gilles Marchand, Une bouche sans personne. On ne sait jamais, il pourrait en tirer quelque chose sur le sens et la valeur des rêves, des espoirs et de la façon de contrer certaines réalités douloureuses. (Lire l'article)

Sticky drama
Courrier du corps, Musiques

Vidéo musicale et vomi (comparatif)

L'idée de départ était de regarder deux vidéos musicales un peu contemporaines, pas trop flan façon Adele. On choisit donc Tame Impala et Oneohtrix Point Never pour la musique, soit respectivement le collectif Canada et l'artiste Jon Rafman pour la vidéo, même si dans ce second cas, le compositeur Daniel Lopatin a codirigé le clip. On regarde. L'œuvre de Rafman et Lopatin, Sticky Drama, titre idoine signifiant “drame collant”, ou en l'occurrence gluant, n'a pas manqué de détracteurs pour noter que c'était un peu dégoûtant, toutes ces pustules, ce pipi et ce vomi. Dans The Less I Know the Better de Canada, le personnage masculin aussi vomit, mais de la peinture, qui vient recouvrir le corps de la jeune fille, change de couleur et suggère des menstrues tartinant un entrejambe. (Lire la suite)

Dora Maar: Sans titre, Mannequin, vers 1932-1935
Expo, Photographie

Dora Maar, regards

Le Centre Pompidou accueille jusqu'à fin juillet une grande rétrospective de l'œuvre de Dora Maar (1907-1997). Si son travail pictural ne convainc guère, sa production photographique, qui passe allégrement d'un genre à l'autre, est magnifiquement mise en valeur. (Lire l'article)
Danse

François Chaignaud, furieusement Orlando

Artiste associé à Bonlieu, scène nationale d’Annecy, François Chaignaud accompagné par le metteur en scène et arrangeur Nino Laisné et quatre musiciens baroques, nous plonge dans une danse populaire et savante. Romances inciertos : un autre Orlando, plus qu’une prouesse physique et technique, est un voyage au pays de la métamorphose et du travestissement. En bonne compagnie, notamment avec Federico García Lorca. Cette pièce est un bouillonnement, un venin, une insurrection, une gâterie... (Lire l'article)

Le Gouffre aux Séries, Séries

13 – L’art et la manière

D’une série, on connaît souvent les acteurs et les créateurs, plus rarement les réalisateurs, et jamais le directeur artistique. Or cette dernière fonction est essentielle. L’esthétique d’une série ne se résume pas aux décors et aux costumes, c’est une question d’atmosphère globale, chose impalpable qui impressionne la rétine à chaque plan.

Photographie, Trotsky, photos inédites

Seva Volkov ou la mémoire ininterrompue

Petit-fils de Léon Trotsky, balloté toute son enfance entre la Russie, la Turquie, l’Allemagne, l’Autriche et la France, Seva Volkov, alors âgé de 13 ans, est arrivé à Mexico en août 1939 en compagnie d’Alfred et Marguerite Rosmer, des amis de son grand-père. Il est le dernier témoin vivant de l’assassinat de Trotsky par Ramón Mercader, le 20 août 1940, et a vécu plus de trente ans dans la maison de l’avenue Viena, dans le quartier de Coyoacán à Mexico, où il a élevé sa famille. Ingénieur chimiste à la retraite, il a fondé et préside toujours le Museo Casa de León Trotsky. À presque 90 ans, il n’a rien oublié, rien pardonné, et se souvient du séjour à Taxco, peu après son arrivée au Mexique, durant lequel ont été prises des photos jusqu'à ce jour inédites.

Cinéma, Guide

Regards satellites: cap sur El Pampero Cine

Le festival de cinéma Regards Satellites (cinéma L'Écran à Saint-Denis, du 27 février au 11 mars) met à l'honneur le collectif El Pampero Cine, fondé en 2002 par une poignée de cinéastes dont les noms sont associés au renouveau du théâtre argentin actuel. Au programme, des projections, des rencontres et une Master class.

Pierre Patrolin, J'ai décidé d'arrêter d'écrire, P.O.L., 2018
Livres

Patrolin : J’ai décidé d’arrêter d’écrire

On ne se méfie jamais assez des écrivains à la langue fluide. C’est beaucoup de travail ingrat. Ainsi Patrolin, l’auteur, décide-t-il de cesser. Vivre le monde, sans se balader avec des trucs notés sur des facturettes, des courriers du gaz, la marge du journal, avec cette ambition, mettre en mot l’instant, le bruissement des feuilles, l’idée traversante, la rue. Laisser vivre le monde. J’ai décidé d’arrêter d’écrire serait donc l’histoire d’une désintoxication. Il y a double bind romanesque : l’écrivain se tait, tandis que le narrateur rapporte le détail du renoncement. Mais ils ne font qu'un. (Lire l'article)

Théâtre

Rambert, entre brouillard et feu sacré

Après le succès planétaire de sa pièce Clôture de l'amour (créée au festival d'Avignon 2011), et le demi plantage de Répétition (2014), Pascal Rambert présente à Gennevilliers son dernier texte, Argument : Annabelle et Louis viennent d'un temps – les années 1870 – que Rambert s'amuse à reconstituer en multipliant les références historiques et sociales. Une pièce improbable, une scène de ménage entre un sadique et une revenante sous le regard d'un enfant mort vivant, un moment de théâtre hors sol, à la fois gonflé et artificiel, un tableau kitsch avec des traits de talent et de grâce. (Lire la suite)

Cinéma

Ailleurs, partout : résistance de l’humain

Le film d'Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter propose un choix osé et radical: prélever des images de caméras de vidéo-surveillance et de live-cams disponibles sur Internet, et n'en garder que les moments décevant les attendus. Un film précieux qui met à mal les stéréotypes associés aux documentaires sur les migrations.

Entomologie photographique, Photographie

Alice

C'était il y trente ans, Alice, tu étais en haut de la pile. Une pile de tirages photographiques un peu jaunis, une pile d'images sans attrait, un lot de brocante que l'homme vulgaire avait posé là au milieu de couverts, d'assiettes et de bibelots. Trente ans, j'ai oublié où était cette brocante, peut-être à la Bastille, peut-être à la campagne. Mais Alice tu es maintenant sur mon mur. Au-dessus de la pile tu ne pouvais rester, à la merci de celui qui pouvait spéculer, rêver faire un bon coup en te fauchant, pour 5 francs. C'est ce que l'homme vulgaire demandait pour me confier que ta photographie sortait des archives de la police belge. (Lire l'article)

Rachel Elliott, Murmures dans un mégaphone, traduit de l'anglais par Mathilde Bach, Rivages, 2016. Une ordonnance littéraire de Nathalie Peyrebonne dans délibéré
Livres, Ordonnances littéraires

Rachel Elliott pour Christine Boutin

Christine Boutin twitte beaucoup. Trop. Madame Boutin, il va falloir penser à lâcher votre téléphone, à réfléchir un peu avant avant de réagir à tout et à n’importe quoi tout le temps. Prenez du recul. Passez donc à la lecture, la lecture de livres. Aérez-vous l’esprit, lisez un roman, comme celui de Rachel Elliott, paru récemment en France, Murmures dans un mégaphone (Rivages, traduit par Mathilde Bach). C’est un roman anglais : les personnages boivent, avec application et constance, du thé, beaucoup de thé, à tout âge et à tout moment de la journée. Et ils passent leur vie les yeux rivés sur leur portable. (Lire l'article)

Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Kung Fu Panda / The Assassin… en quête du “chi-néma”

À l’affiche, deux films que tout semble opposer tentent de se réapproprier le film d’arts martiaux chinois. D’un côté, Assassin, le wu xia pian  de l’auteur Hou Hsiao-hsien, Sifu d’une modernité esthète et intimiste... De l’autre, Kung Fu Panda 3, la franchise la plus populaire de sa Seigneurie Dreamworks, dans la lignée des Jackie Chan... A priori, pas plus à voir entre ces deux là qu’entre un moine en tunique et un colosse en armure qu’on mettrait face à face.Mais l'un et l'autre parviennent-ils à saisir le “Chi”, ce principe de l’énergie vitale cher à la cosmologie bouddhiste ? (Lire l'article)